Histoire avant 1848
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Centenaire 1914-1918

ANLB
Aïn Nouissy / Noisy-les-Bains
Toute l'histoire d'un village d'Algérie

ABBE MARCEL PODESTA

1895-1975

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Marcel Podesta est né à Oran, le 5 février 1895. Tout enfant, il va à l’école maternelle chez les religieuses trinitaires de la rue Cavaignac, puis à l’école des frères de la doctrine chrétienne rue du Fondouk.

Son père, Victor Odesta, est aussi le père des fameux couscous Taïba, bien, connus dans toute l’Oranie.

Marcel aide son père à faire tourner la petite fabrique de pâtes alimentaires située alors au coin de la rue du Fondouk et de la rue Lamoricière, à Oran. C’est lui qui est particulièrement chargé de la livraison aux petits détaillants.

La grande Guerre fait alors rage sur tous les fronts d’Europe et Marcel est mobilisé en 1915, au 3ème régiment de zouaves à Constantine. Il fait partie du corps expéditionnaire du Moyen-Orient et se bat aux Dardanelles où il gagne son galon le 10 mai 1915 et reçoit la croix de guerre avec citation à l’ordre du régiment le 13 octobre 1915.

Puis c’est la dure campagne de Serbie jusqu’au 27 avril 1917.

De retour en Algérie, il est versé au 3ème régiment de tirailleurs algériens à Mostaganem. Le 2 avril 1918, il part avec son régiment pour le front de France où il participe à la grande bataille de la victoire et reste en occupation sur le Rhin jusqu’au 9 septembre 1919.

Mais au cours de ces terribles années de guerre Marcel Podesta a entendu l’appel de Dieu et, dès sa démobilisation, à l’âge de vingt-quatre ans, il entre au séminaire en Bretagne, puis il réside quelque temps à Ervy-le-Châtel, en Champagne. Il est enfin ordonné prêtre le 25 juin 1925 à Oran.

L’abbé Marcel Podesta est, ce que l’on appelait alors, une vocation tardive, mais il a côtoyé la souffrance, il a vu la misère et la mort. Cette expérience irremplaçable lui permet de concevoir sa mission de prêtre d’une façon plus large, plus profonde, plus évangélique. Il veut être au service des plus petits, des plus aimés du Seigneur, c’est-à-dire des enfants. Nommé aumônier du cercle patronage Saint-Joseph, à Gambetta (Oran), il peut donner toute la mesure de son esprit inventif, de son activité incessante et de son amour pour les jeunes.

Avec lui, le patronage Saint-Joseph connaît un essor magnifique. Il crée des équipes de gymnastique, de basket-ball, de théâtre, une fanfare, puis plus tard des équipes de jocistes et pré jocistes, et bien entendu les équipes des enfants du patronage répartis suivant leur âge et qui deviennent les verts, les bleus, les rouges, les jaunes, etc.

Sa bonté et sa générosité sont si grandes qu’il donne tout à tous… Il n’a jamais un sou, et c’est son père qui bien souvent couvre ses petites dettes, lui achète une soutane, et lui apporte tous les dimanches soir un « panier », afin qu’il puisse dîner correctement une fois par semaine. Il travaille sans arrêt, il sait tout faire et il fait tout. Il manie la pioche, la pelle, la truelle, la brouette, la scie, le marteau ou le pinceau suivant les besoins. Le soir, il tape à la machine les articles destinés au Trait-d’Union, le bulletin du patronage Saint-Joseph, et répond à un volumineux courrier.

Mais l’objectif qui lui tient le plus à cœur c’est le scoutisme. Il a l’intuition que le scoutisme c’est la grande aventure qui peut apporter aux jeunes quelque chose de différent, quelque chose de plus beau et de plus grand, quelque chose qui donnera une autre dimension au courage, à la générosité et à l’amitié.

C’est ainsi qu’il fonde le groupe Bayard, 1ère Oran, au début de l’année 1926. Il a vu juste et les résultats sont magnifiques. Le scoutisme gagne très rapidement toutes les villes d’Oranie, et des prêtres comme l’abbé Escolano, l’abbé Huertas, l’abbé Munoz ou l’abbé Jaubert, sont conquis par l’enthousiasme contagieux de l’abbé Podesta.

A mon arrivée au patronage Saint-Joseph en 1932, le scoutisme avait déjà gagné toute l’Oranie, ainsi que le guidisme, et des chefs de grande valeur encadrent ce jeune mouvement qui devait conquérir le monde en quelques années. (A suivre)

 

(Source : site arzew.net)

§ § §

A PROPOS DE MARIAGE

proposé par Andrée-Marie Volfart

Le 26 octobre 1940, l’abbé Podesta, curé de Noisy-les-Bains de 1936 à 1947, faisait le sermon suivant, pour le mariage d’Albert Morin et de Germaine Roos en notre belle église :

« Monsieur, Mademoiselle,

Lorsque deux jeunes fiancés viennent s’agenouiller au pied de l’hôtel pour y recevoir la bénédiction nuptiale, ils ont un double devoir à remplir. Remercier Dieu pour le passé, le prier pour l’avenir.

Le passé et l’avenir, voilà deux mots que vous comprenez et dont vous devinez la valeur aujourd’hui plus que jamais.

Le mariage, en effet, clôture une existence et il en commence une autre. Il sollicite un regard en arrière et un autre en avant. Le poète avait raison qui disait à sa fille le jour de son mariage en lui montrant les deux foyers, celui qu’elle quittait et celui dont elle allait être reine : « Sors avec une larme et rentre avec un sourire ! »

Le passé, vous avez le droit selon le vœu du poète de lui donner une larme en voyant que vous quittez ces deux familles dont vous êtes fiers et qui étaient fières de vous. Vos chers parents, l’éducation chrétienne qu’ils vous ont assurée, les bons exemples qu’ils vous ont donnés, la préparation à la vie que vous leur devez, voilà ce que représente pour vous le passé.

Il représente aussi la préparation à votre mariage. Voilà quelques semaines ou quelques mois que vous y pensez, mais il y a bien longtemps que Dieu travaille.

Voyez dans la campagne ce petit ruisseau qui s’en va gazouillant à travers la prairie, semant sur son passage la fraîcheur et la gaîté et la vie, rendant service à tant de riverains, où va-t-il ? Il n’en sait rien.

A plusieurs lieux de là, un autre cours d’eau traverse d’autres prairies, faisant entendre le même gazouillis et semant les mêmes bienfaits…, lui aussi ignore où il va. Sans le savoir ils vont à la rencontre l’un de l’autre, ils se rapprochent, bientôt ils se rejoindront, le plus faible mais aussi le plus gracieux quittera son nom pour prendre celui de l’autre, et tous deux ne faisant plus qu’un, ils continueront leur marche, plus droite, plus noble et plus utile encore que par le passé.

C’est votre histoire, vous cheminiez chacun de votre côté dans la vie, mais Dieu vous rapprochait, il vous menait par la main jusqu’à votre rencontre définitive ayant commencé par votre destinée l’un à l’autre.

Aussi comme je comprends votre présence en cet instant au pied de l’autel. N’est-il pas juste que ce don mutuel se fasse en présence du Bon Dieu, qui l’a voulu, qui l’a préparé et qui l’a réalisé. N’est-il pas indispensable que Dieu soit le premier témoin de votre joie, qu’il reçoive avant tout autre, vos remerciements pour le passé, et j’ajoute de vos prières pour l’avenir.

L’avenir, c’est le moment d’achever les vers du poète « entre avec un sourire »… oui… souriez à l’avenir, comme lui vous sourit, vous allez fonder une nouvelle famille, vous allez vivre de la même vie, du même cœur, du même dévouement, vous allez pouvoir faire l’un pour l’autre des sacrifices, gage suprême d’affection, sacrifices de caractères, sacrifices de temps, sacrifices de présences. Vous allez associer à l’œuvre du Créateur, préparer une génération nouvelle où votre avenir s’annonce incomparablement plus grand que par le passé. Envisagez le aussi d’un regard grave car il faut vous dire… ou plutôt, pour être plus exact, vous vous êtes déjà dit que la vie qui s’ouvrait devant vous pour être une vie de bonheur devait être aussi une vie de devoir, que le jeune homme, que la jeune fille, peuvent avoir quelques excuses de ne pas toujours envisager la vie dans tout son sérieux, mais que l’époux, l’épouse, destinés d’ailleurs à devenir le père et la mère seraient inexcusables de ne pas le regarder comme une chose grave et plein de responsabilités.

Voilà pourquoi je vous dis encore de prier Dieu pour lui demander de bénir votre avenir, lui seul le connaît, nous autres nous ne pouvons que le prévoir. Mais si le passé porte l’avenir en germe, nous sommes en droit de prévoir pour vous un avenir d’honneur et de fidélité au devoir et par conséquent un avenir heureux puisqu’il n’est pas exempt de toute épreuve, au moins il sera la préparation de cet autre avenir, sans fin celui-là, où Dieu vous réunira chez lui dans son ciel pour vous donner un bonheur sans mélange et sans terme.

Ainsi soit-il. »

Au dos de ce brouillon de lettre, je découvre ces quelques mots de la main de celle qui fut la jeune mariée :

« Nous fêterons nos soixante ans de mariage le 26 octobre 2000, si Dieu nous le permet. Je voudrais tant le remercier de ces trois merveilleux enfants qui, mariés, nous ont donné huit petits-enfants et cinq arrières petits-enfants, tous aussi beaux les uns que les autres.

Mon Dieu, merci d’avoir vu partir mon mari à la guerre, faire le débarquement et le voir revenir. Travailler ensemble, d’avoir perdu notre pays que nous aimions tant et de nous avoir donné du courage pour tout recommencer. Oh, bien sûr nous avons perdu nos parents, nos frères, mais j’ai prié, je prierai pour toute ma famille, je crois en vous, en notre maman du ciel et je me demande si je mérite tant de bonheur. Faites-moi la grâce de prier encore jusqu’à mon dernier souffle pour toute ma famille et mes enfants. »

Germaine Roos Morin est décédée le 30 octobre 2006.
 

proposé par Andrée-Marie Volfart
 

(Sources : Le Lien, bulletin des Enfants de La Stidia et Noisy-les-Bains, n° 58, mars 2013)

 

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