Histoire avant 1848
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Centenaire 1914-1918

ANLB
Aïn Nouissy / Noisy-les-Bains
Toute l'histoire d'un village d'Algérie

AUX « QUATRE COINS », CHEZ CLEMENT ET ANGELE

par Andrée Langlois

Tout le monde se souvient qu’au village il y avait deux grands points de rendez-vous quotidiens : le bar de chez Garrigues situé juste au-dessus de la mairie et de la Poste, en allant vers la gendarmerie, et l’autre bar, installé aux quatre coins, face au monument aux morts et tenu par Clément Niessen avec Angèle, son épouse, née Clementz de Fornaka.

J’ai eu l’occasion, tout récemment, de rencontrer Angèle à son domicile. Nous avons passé un moment merveilleux à bavarder autour de photos anciennes en évoquant quelques bons souvenirs de sa vie.

Angèle Clementz est née le 26 février 1914 à Fornaka. Toute jeune, à 13 ans, elle travaille à la ferme de Gaby Brun comme employée de maison. Elle se marie à 18 ans avec Clément Niessen, colon à La Stidia. En 1938, tous deux décident de vendre leur bien à Georges-Clémenceau pour venir s’installer à Noisy en qualité de propriétaire du café des quatre coins, et, là, angèle se trouve confrontée à un mode de vie nouveau, dont elle mesure toute l’ampleur.

Elle se souvient combien ses débuts ont été difficiles : c’est ainsi qu’en venant prendre les commandes des clients attablés jouant aux cartes, elle ne parvenait pas à mémoriser le choix de chacun, et c’est en pleurs qu’elle se réfugiait dans sa cuisine, laissant son mari dans l’embarras. Mais l’incident n’a pas duré longtemps car M. Mas (le père) a vite compris son désarroi et s’est proposé de l’aider en lui faisant sortir les verres sur le comptoir pour les remplir avec les consommations demandées et en portant lui-même le plateau sur la table des assoiffés.

« Par la suite, le métier s’est avéré très prenant et passionnant, d’autant plus que nous aimions ce contact permanent avec toute la population. J’ai encore en mémoire les visites de Thomas Martinez qui demandait la permission de regarder, par la fenêtre, dans la cour voisine, pour apercevoir celle qu’il convoitait : Gisèle Blisson. »

Les rencontres entre filles et garçons n’étaient pas très faciles à cette époque !!!

« Après dix-huit ans de bons et loyaux services aux quatre coins, nous avons vendu le bar* pour acheter une station-service Esso à La stidia, en 1956. Malheureusement les événements précipitèrent la vente de la station, et en juin 1962 nous nous retrouvons à Villeurbanne, propriétaires d’un bar que nous conservons quatre ans ; puis nous descendons vers Marseille pour tenir, à nouveau, un café que nous revendons au bout d’un an, Clément étant malade. »

Installés à Toulon en 1971, pour vivre une retraite bien méritée, Clément s’est éteint le 27 novembre 1986, laissant le soin à Angèle de poursuivre seule sa route…

D’un naturel optimiste et enjoué, Angèle sait faire taire les petits maux du quotidien pour donner de l’élan à une vie heureuse et rayonnante, riche en anecdotes sereines : ainsi, avant de partir de la clinique, après une opération de la hanche, devant les infirmières et le staff médusés, elle est allée remercier le chirurgien, peu expansif, en l’embrassant très chaleureusement. Démarche peu commune, mais applaudie !

Andrée Langlois

* Le bar sera racheté par M. Pomares, qui le tiendra jusqu'en 1962.


 

(Source : Bulletin de liaison des Enfants de La Stidia et Noisy, n° 11, juillet 2001)



 

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