Histoire avant 1848
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Vie des Communautés
Centenaire 1914-1918

ANLB
Aïn Nouissy / Noisy-les-Bains
Toute l'histoire d'un village d'Algérie

PYROMANIE

par Norbert Ségalas

La fascination du feu a toujours accompagné l’homme depuis qu’il a su le dompter pour s’en servir. En effet, qui n’a jamais été captivé, voire hypnotisé par des flammes dansant, crépitant et brisant ainsi le silence d’une soirée d’hiver devant l’âtre d’une cheminée ?

Cette histoire s’est passée il y a très longtemps, autour de l’année 1948, j’avais alors 5-6 ans. Roly (mon cousin germain) était venu nous voir, et on s’amusait tranquillement sur la terre battue de la cour, devant l’appentis qui protégeait les deux pièces qui nous servaient d’appartement. Ce n’est que plus tard, en 1954-55 que sera construite la belle maison de mon adolescence.

Je ne me rappelle plus comment je me suis procuré une boîte d’allumettes mais je me revois encore me dirigeant en douce vers l’écurie. Celle-ci était en deux parties, séparées par un mur qui n’arrivait pas jusqu’au toit (un peu plus de deux mètres de hauteur, séparant, à gauche, la grange et à droite, l’écurie proprement dite avec un grand râtelier qui courait d’un bout à l’autre du mur du fond. Et juste au-dessous, la mangeoire équipée d’une dizaine d’anneaux de fer pour attacher les chevaux. La grange était remplie de bottes de paille entreposées contre le mur en mitoyenneté avec François Herrero notre voisin. Contre le mur de séparation, il y avait une ou deux balles de paille qui avaient été foisonnées pour la litière des bêtes.

Je m’accroupis, avec les deux mains je fis une petite cavité à la base du tas de paille et je craquais une allumette. D’un brin de paille à l’autre, la flamme s’enfla rapidement en crépitant. Vite, il me fallait faire partager ce que je venais de concevoir. Je rejoignis Roly pour lui faire voir ce « prodige ». Je le tirais de son jeu (peut-être de billes) en lui disant : « Viens voir le joli feu ! »

A ce moment-là, ma mère qui n’était pas bien loin et dont les oreilles traînaient, comprit immédiatement et courut vers l’écurie. Elle revint de suite, affolée, ouvrit le portail pour demander de l’aide en criant « au feu ». Justement, passait devant le portail le père de Khader que l’on connaissait bien -Khader habite encore aujourd’hui notre maison).

-Vite, vite, il y a le feu, s’égosilla ma mère.

L’homme se précipita et après avoir jeté un œil sur le sinistre, se saisit d’un seau. Comme l’abreuvoir, situé à gauche de l’entrée de l’écurie était toujours plein, il n’eut que quelques pas à faire pour arroser le feu. Au bout de quelques seaux, l’incendit était maîtrisé.

Je ne fus pas inquiété par ma mère… elle avait eu trop peur… quant à moi, pressentant des représailles, je m’étais planqué sous le chariot.

Norbert Ségalas


 

(Sources : Le Lien, bulletin de liaison des Enfants de La Stidia et Noisy-les-Bains, n° 65, mars 2015)





 

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