Histoire avant 1848
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Vie des Communautés
Centenaire 1914-1918

ANLB

Aïn Nouissy / Noisy-les-Bains
Toute l'histoire d'un village d'Algérie


 

LE PATRONAGE

par Louis Thabourey

Parlons un peu de notre curé Podesta, il a tant fait au village. Il était arrivé dans les années 1936/37, il mit sa jeunesse et son ardeur au service de ses ouailles tout d’abord, et dans son élan, contribua à l’essor de la commune. Il se chargea d’occuper les jeudis de notre enfance, en créant un patronage, en développant les jeux et les loisirs pour la plus grande joie des petits mais aussi des grands. En passant, par les louveteaux pour les petits, aux scouts de France pour les plus âgés, pour les filles « les jeannettes », et une sorte de mouvement la JOC (Jeunesse Ouvrière Catholique). Il organisa des sorties vers les pinèdes du grand bassin qui alimentait les jardins à l’est du village, en haut de la côte en direction de Rivoli, il nous faisait découvrir les collines ainsi que les gouffres que nous visitions, après un dur apprentissage de descente, sous sa direction. En été, il nous emmenait à la plage de La Stidia dans sa citroën cabriolet, pour le plaisir d’une bonne baignade. Il avait aménagé son garage, pour le transformer en salle de cinéma. Parfois, pendant les vacances scolaires, il nous donnait des cours comme à l’école (maintenant cela s’appelle des cours de soutien), nous apprenions aussi le solfège, le piano, le violon. Nous pouvions jouer au billard, au foot, faire de la gymnastique avec ses différentes disciplines. En organisateur parfait, il avait lancé des concours des concours « du plus beau jardin » autour de sa cour, car il connaissait l’art du jardinage et nous l’avait communiqué.

Il aimait tout particulièrement le théâtre, et bien entendu il décida de nous en apprendre les ficelles pour notre plus grande joie. En nous apprenant la confection des marionnettes, comment monter une scène avec ses décors, il décida de mettre en pratique ses idées et fit jouer à la petite troupe qu’il avait formée, la Passion du Christ, en passant par toutes les étapes de sa vie jusqu’à la crucifixion. Il planta sur scène le décor d’une étable, pour la naissance du Petit Jésus. Les acteurs étaient nos aînés, il y avait les Gallet, Castant, Raynaert, Mandron, Bonnel, Zammith, Langlois, Morin, Paralieu, Pareilleux, etc., la liste est longue, afin de n’oublier personne, je dirai presque tout le village. Le principal acteur étant le Petit Jésus, le choix se porta sur Marcel Thabourey, mon frère ; il avait trois ans. Les représentations se succédaient, les acteurs s’identifiaient à leur personnage du moment. Mais voilà, certain rôle vous colle à la peau et plus moyen de s’en défaire, la véritable identité disparaît pour faire place à un surnom. Et voilà comment le village se souviendra de Marcel en ne l’appelant plus que « Petit Jésus ».

Ce spectacle prit de l’importance, à tel point que les enfants du patronage se déplaçaient avec le curé Podesta dans les communes environnantes. Puis un jour tout s’arrêta, d’étranges bruits parvenaient au-delà de mer, c’était la déclaration de guerre. Louis Thabourey

Louis Thabourey
 


(Source : Bulletin des Enfants de La Stidia et Noisy, n° 18, mars 2003, extrait de l’article « Souvenirs : A Marcel… « Petit Jésus », de Louis Thabourey)



 

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