23 novembre 2016
RETARD DANS LA LIVRAISON DE LA SEMENCE : LES PRODUCTEURS DE POMMES DE TERRE MONTENT AU CRÉNEAU.
Comme nous l’avions rapporté dans notre édition du lundi 21 novembre 2016, près de 120 producteurs de pommes de terre se sont rassemblés devant le siège de la Direction des Services Agricoles de la wilaya de Mostaganem pour protester contre le retard enregistré dans la livraison de la semence des primeurs. Mais, pour une meilleure organisation et afin d’éviter tout débordement à l’extérieur .de l’édifice, le DSA M.Mouissi, les a invités à la salle des réunions pour exprimer leurs préoccupations dans le calme et la sérénité.Les 120 fellahs très remontés contre les services du Ministère de l’Agriculture et du développement Rural, ont toutefois, répondu positivement à la demande du Directeur des Services Agricoles de la wilaya, en se dirigeant vers la salle de réunion afin de permettre à tout un chacun d’exprimer ses préoccupations et de permettre d’instaurer un débat fructueux avec des recommandations et des propositions devant être transmises au Ministère de tutelle. En effet, la colère et l’incompréhension se lisaient sur le visage de chacun d’eux, ils étaient là, ils étaient solidaires et ils voulaient faire entendre leurs voix pour interpeller les décideurs des erreurs qu’ils sont en train de commettre au détriment de la culture de la pomme de terre à Mostaganem. Le Directeur des Services Agricoles, accompagné du Président de l’Association des producteurs de la pomme de terre, a su très bien gérer la situation en donnant libre court aux interventions mais dans un cadre très organisé. Ainsi, un à un, les cultivateurs exprimaient leurs inquiétudes, leurs interventions convergeaient toutes vers un seul point : ‘’ le retard dans la livraison de la semence des primeurs’’, sachant que Mostaganem en est fortement touchée par cette situation invraisemblable. Les fellahs ont tenu à dénoncer l’existence d’un lobby de cinq à six personnes ayant pignon sur rue, qui tentent de détenir le monopole de la semence pour en spéculer, et faire augmenter les prix. ‘’ Cette situation est intolérable et nous refusons la semence de ces spéculateurs, nous exigeons maintenant à ce que l’Etat nous débloque un quota de semence importée pour cette année seulement et à nous de se débrouiller pour l’année prochaine’’, tempête M. Abdelkader Boukaboura un grand cultivateur de pommes de terre et d’enchainer, non sans colère :’’ Nous allons faire en sorte à ce que la semence de l’année prochaine soit produite ici à Mostaganem, nous n’aurons plus besoin des rabatteurs d’ailleurs, nous sommes capables et en mesure de produire de la semence localement à partir de la semence importée de France, Hollande ou encore le Danemark. Il suffit de nous approvisionner cette fois, avant qu’il ne soit trop tard et nous nous attelons à en produire pour ne plus tomber dans une situation aussi grotesque’’. Intervenant à son tour, M. Amara Senouci, producteur, a mis en garde les tenants de cette affaire en les exhortant à plus de responsabilité et de mesurer les conséquences qui en peuvent en découler si, la semence n’arrive pas dans une semaine au plus tard… En ce sens, il s’adresse au Directeur des Services Agricoles et au Président de l’Association des Producteurs de pommes de terre et lança :’’ Vous êtes nos défenseurs et nos représentants, votre devoir était de prendre toutes les mesures nécessaires au moment opportun afin d’éviter cette situation qui s’achemine vers la catastrophe’’. D’autres fellahs de Sirat fief de la pomme de terre dans la région, d’Ain-Nouissy, de Stidia, de Bouguirat, de la région du Dahra, sont intervenus pour soulever les mêmes problèmes et apporter leur soutien indéfectible à tous les intervenants. Encore une fois, le grand cultivateur Abdelkader Boukaboura revient à la charge et insiste sur un point très important selon lui, celui des transactions frauduleuses concernant la semence :’’ J’ai été approché par des gens que je connais parfaitement pour être des spéculateurs qui se greffent sur le réseau de la distribution de la semence grâce à leurs tentacules à Alger, pour me proposer de la semence importée et la quantité que je veux, mais j’ai rejeté leur proposition pour la simple raison que je refuse de participer à la perturbation du marché de la pomme de terre et éventuellement l’augmentation du prix de ce tubercule que ma famille produit depuis plus d’un siècle de père en fils’’. Et d’ajouter :’’ Voilà la réalité messieurs et nous exigeons que nos revendications et nos interventions soient portées à la connaissance du Ministre de l’Agriculture et du Développement Rural. ‘’ Plus de 120 cultivateurs représentant 3500 producteurs de pommes de terre étaient présents’’ Prenant la parole en premier, M. Hadj Djelloul Bencherif Président de l’Association des producteurs de Pommes de terre de la wilaya de Mostaganem, a rassuré les présents que leurs préoccupations qui sont les siennes aussi, ont été toutes portées au plus haut niveau :’’ Nous avons alerté les autorités centrales et nous attendons leur réponse’’. A son tour le Directeur des Services Agricoles M.Mouissi, en homme de terrain et ancien étudiant en agronomie à Mostaganem, donc un parfait connaisseur de la région, a rappelé aux 120 fellahs présents que son institution restera fidèle à ses missions, la preuve, elle répond aujourd’hui favorablement à cette réunion sollicitée par les agriculteurs. Il expliqua :’’ Soyez rassurés, toutes vos préoccupations ont été consignées dans mon agenda, elles seront toutes sans exception aucune, transmises ce jour-même au Ministère’’. Toutefois ajoute-t-il :’’ Nous devons être pragmatiques et poser nos problème d’une manière civilisée, comme vous le faites maintenant et je vous en remercie. Sachez que nous faisons tout en ce qui est en notre pouvoir pour trouver les solutions appropriées et acceptées de tous à cette situation. Nous ne voulons pas de discordance ni de zizanie, et comme vous voyez, nous avons répondu favorablement à vos sollicitudes et nous sommes là, en train de discuter d’un problème d’intérêt général, ce qui est formidable, donc, je vous demande d’être patients et d’attendre les réponses de la tutelle’’. Et de conclure :’’ Vous savez qu’il s’agit d’un problème qui dépasse nos prérogatives, sa solution relève directement des services compétents du Ministère, comme vous, nous devons attendre’’. Faut-il rappeler également, que les fellahs notamment les producteurs de pommes de terre n’ont jamais exigé quoique ce soit, seulement leur quota de semence à temps pour éviter la catastrophe du fait que la primeur a pris un retard de presque un mois déjà. Dans ce contexte, les cultivateurs conscients des effets de la crise n’ont jamais refusé la réduction de leur quota pour le compléter par la semence locale à l’image de celle de Annaba, mais delà à ne rien recevoir, cela sort de l’inimaginable. Pour eux la situation est dramatique, elle nécessite de l’urgence dans la prise de décision, ce qui ne semble nullement inquiéter le Ministère ! Selon plusieurs fellahs présents à la réunion, ils sont tous unanimes pour confirmer que la semence locale produite à Ain-Defla et ses environs n’est pas rentable dans la région du Dahra où sévit un climat méditerranéen humide. La seule semence devant permettre parfois des productions record, reste celle connue sous l’appellation de ‘’O’’. Les cultivateurs la connaissent parfaitement, ils maitrisent son utilisation et les méthodes de son ensemencement. Les inquiétudes grandissantes des fellahs ne rassurent pas du fait que dans leur majorité, ils ont préparé les terres, travaillé les sillons et mis du fumier pour fertiliser les terres et attendent… Des dépenses colossales ont été déjà engagées, il n’en manquait que la semence qui n’arrive toujours pas !! Un dossier à suivre de très près, la presse nationale et locale dont Ouest-Info, était fortement présente à la rencontre des fellahs hier matin au siège de la Direction des Services Agricoles.
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