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15 février 2016

LE WALI EN VISITE DE TRAVAIL A LA FUTURE ZONE D'ACTIVITE DE BORDJIA : « FINI L'AGRICULTURE TRADITIONNELLE, PLACE AUX NOUVELLES TECHNOLOGIES ».

Le wali de Mostaganem Abdelwahid Temmar accompagné de MM.Bouras El-Ketroussi Président de l’APW et Louh Seif-El-Islam secrétaire général de la wilaya et de plusieurs directeurs de l’exécutif, s’est rendu à la future zone d’activités de Bordjia implantée sur le territoire de la commune de Haciane dans la daïra de Ain-Nouissy. Accueillis par le chef de la daïra d’Ain-Nouissy M. Abdelaziz Bouazizi et le maire d’El-Haciane Mohamed Kerraz, le wali a sollicité les responsables du secteur de l’agriculture, du bureau d’études concerné qui n’est autre que le ‘’BNEDER’’ (bureau d’études national spécialisé dans l’élaboration et la réalisation des études et enquêtes, visant la promotion et le développement du monde agricole rural). Le dossier du jour s’articulait, dans le cadre de la création de la nouvelle zone d’activités, autour de la mise en valeur d’une superficie de 1800 hectares situés à El-Bordjia sur une étendue de 25 000 hectares, de mettre le point sur l’étude réalisée par le Bneder, d’écouter les experts, les agriculteurs de la région et d‘en tirer les conclusions pour pouvoir décider en conséquence. Sur les lieux et sous un temps menaçant, le wali a sollicité les représentants du Bneder de porter à sa connaissance l’étude réalisée et de lui faire part de leurs conclusions sur la nature du sol. Ensuite il a donné la parole à M. Saci Belgat, expert actuellement à l’université Abdelhamid Ibn-Badis de Mostaganem, qui a soulevé le problème de la fertilité de la terre. Dans une intervention s’appuyant sur des données scientifiques, M. Saci Belgat a affirmé que la salinité du sol est telle qu’il ne pourrait y être question de céréaliculture ou de cultures maraichères encore moins pour l’arboriculture sauf peut-être pour quelques espèces. Pour étayer sa thèse, l’universitaire a mis en exergue ses connaissances du terrain, ses conclusions scientifiques et les facteurs climatiques qui sont tout aussi déterminants. En ce sens, il a rappelé que ces dernières années, le climat méditerranéen n’est plus favorable pour certaines cultures d’où la sécheresse qui sévit sur le Nord de l’Afrique, notamment l’Algérie. Cette ‘’défaillance climatique’’ selon l’expert, pourrait se prolonger jusqu’à 15 voire 20 ans ce qui ne va pas sans engendrer des conséquences désastreuses pour l’Agriculture en Algérie. Pour ce, il rappelle, qu’il est temps de passer à autre chose. Après l’avoir attentivement écouté, le wali a tenu à connaitre l’avis de l’expert sur la nature des cultures qui pourraient être éventuellement adaptées aux conditions climatiques de la région. M.Saci Belgat a été catégorique et précis dans sa réponse puisqu’il rassure le wali que le projet de réalisation d’un bassin laitier prévu en partenariat avec les Américains est l’idéal. Pour lui, c’est un projet réfléchi et formidable. Les terres d’El-Bordjia sont recommandées pour ce genre de réalisation. Abondant dans le même sens, le Président de l’APW M.Bouras El-Ketroussi, en responsable avisé, avait soulevé le problème des cultures fourragères en sollicitant l’avis de l’expert. M.Saci Belgat confirme que la réalisation d’un bassin laitier nécessiterait de facto des pâturages sur tout le périmètre et ces terres, affirme-t-il, et qu’elles sont l’idéal pour les cultures fourragères. A ce titre, il citera l’exemple de la Camargue dans le sud de la France où dit-il, existent des terres de la même nature que celles de Bordjia, mais la technologie conjuguée à l’action de l’homme, ont constitué au cours des années, une mosaïque de milieux et de paysages d’une richesse exceptionnelle. Les conclusions de M.Saci Belgat rejoignent ainsi celles des Américains qui ont étudié scrupuleusement et au détail près la nature du sol avant de conclure que ces terres sont adaptées au projet du bassin laitier, l’élevage notamment le bovin et la plantation d’amandiers en matière d’arboriculture. Mais il y a un autre son de cloche porté par les voix des fellahs de la région présents sur les lieux, qui ont décidé de se faire entendre, car prétendent-ils, ces terres peuvent être cultivées contrairement aux avis des scientifiques. Pour écouter leurs avis, le wali Temmar les a conviés à faire part de leurs préoccupations. Ainsi plusieurs grands fellahs de la région ont exposé les problèmes souvent d’ordre logistique et qui consistaient en le forage des puits, la route, les concessions etc… Mais un agriculteur de la région a vivement réagi aux avis scientifiques et a décidé de mettre son grain de sable dans la discussion. Prenant la parole, le fellah a tenté de persuader le chef de l’exécutif sur le maintien de l’ancien système agricole en avançant des chiffres des années 60 et 70 où on récoltait 50 à 60 quintaux à l’hectare en matière de céréaliculture, et qu’il est toujours possible de planter des orangeraies, grenadiers, oliviers et même des cultures maraichères à l’image du melon, de l’artichaut, de la pomme de terre etc… Le wali a mis son interlocuteur à l’aise en lui expliquant que le monde avance à pas de géant et qu’il ne nous est plus permis de ralentir ou s’attarder sur une question ou une autre. Pour ce qui de ces terres, le wali a été catégorique, ‘’les conclusions de l’étude réalisée par les Américains sont fiables et nos scientifiques y adhèrent pleinement et vont nous accompagner en leur qualité d’experts dans nos démarches pour qu’on puisse décider dans le bon sens, alors pour cela, je vous demande de comprendre que les temps des années 60 et 70 où l’agriculture se basait essentiellement sur la pluviométrie sont révolus’’ et d’enchainer ‘’ Aujourd’hui, les temps ont changé et le climat avec, ils faut avancer avec moins de moyens et beaucoup de résultats’’. L’agriculture traditionnelle demande beaucoup de moyens et surtout l’eau, mais avec les nouvelles technologies et les créneaux porteurs en matière de transformation, ce sont là nos objectifs recherchés’’. Avant de quitter les lieux, le wali n’a pas manqué de soulever des remarques à l’adresse des représentants du Bneder (bureau d’études) sur le fait que l’étude présentée n’a pas pris en considération un élément-clé, celui de l’accès. ‘’ Nous sommes à 4 ou 5 kilomètres de la route nationale et s‘il venait à pleuvoir, l’accès devient impossible, alors comment peut-on imaginer une étude qui porte sur une zone d’activités sans en tenir compte des voies d’accès’’ martela-t-il. Et de renchérir : « Donc, il me faut une autre étude qui tiendra compte de l’accès, ce qui ne sera pas une mince affaire pour le montage financier, car il faut la route, l’électricité, l’eau, l’assainissement, etc… » En quittant les lieux, et à quelques mètres avant d’atteindre la route nationale, le chef de l’exécutif a dû marquer une halte imprévue. Il demanda alors au chef de la daïra la nature juridique du terrain jouxtant la route nationale. Et le chef de daïra la lui apporta : « domaniale ». Sur ce, le wali rétorqua : « Nous avons des terres disponibles au bord de la route nationale où est en train de s’ériger un poste de transformation électrique de surcroit et où toutes les commodités peuvent exister en un temps record et vous m’aviez proposé un terrain situé à plus de 4 km. Je révise ma stratégie. Faites en sorte à ce que ces terres soient incluses dans l’étude initiale ».
 

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