Histoire avant 1848
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Vie des Communautés
Centenaire 1914-1918

Jeudi 23 Avril 2009

AÏN-NOUISSY : LE MARIAGE TRADITIONNEL, UN RÉEL PLAISIR.

Le mariage traditionnel, dans notre pays et plus particulièrement dans les régions rurales reste une merveille, une joie de vivre sans pareil, aux valeurs ancrées au fond de nous-mêmes, jusqu’à nous rappeler cette citation de notre valeureux et érudit Emir Abdelkader que je cite : « Si tu savais la valeur de la vie bédouine, tu me comprendrais, mais tu l’ignores ».

Le quartier des jardins, situé sur les hauteurs de la ville d’Ain-Nouissy, a connu avant-hier une effervescence incomparable, une liesse digne des grandes fêtes familiales, où il est devenu si rare d’assister à ce genre de rendez-vous aux allures festives. Une fête à l’Algérienne, le « Guittoune », implanté tel un temple barrant toute une rue pour l’occasion. Le salon réservé aux invitées (femmes), venues des régions lointaines, noblesse oblige, elles sont choyées et entourées de toutes les prévenances. Le garage de la maison servira en la circonstance de cuisine, où les vieilles femmes, aux mains ayant cette magie d’enrouler le couscous et de le préparer comme il se doit, entourées de jeunes filles et moins jeunes, assurant le service avec une incroyable dextérité, tels des automates.. Un réel plaisir à les voir accomplir des tâches domestiques, où, seule la maîtresse des lieux est habilitée à donner les ordres. Une discipline de fer, donnant le sentiment d’être en face d’une compagnie d’infanterie, où chaque fantassin, s’attèle à exécuter convenablement sa mission dont il a la charge. Loin de ces cérémonies mondaines, avec banquets dans les établissements hôteliers, et ces salles des fêtes louées à des tarifs exorbitants, dépassant toute mesure, où l’anarchie règne, où chacun fait semblant de faire, bonne figure. La fête vécue avant-hier, c’était la « Henna », de la fille du voisin, avant-dernière étape avant le jour « J ». Elle intervient généralement, à quelques jours du départ de la mariée vers son domicile conjugal. Après la tournée des « Mestedenettes » qui ont sillonné tous les quartiers d’Ain-Nouissy pour les invitations d’usage, comme le veulent les us et les coutumes, c’est au tour des préparatifs du trousseau de la mariée, où toute la famille, grands et petits s’adonnent à cœur joie en apportant chacun, sa contribution tant matérielle que morale, ne serait-ce que par sa présence. Le papa lui, tout fier, et tout ému de voir sa propre fille se marier, et de la joie qui entoure sa famille, se montre disponible à tout moment et disposé à satisfaire toutes les demandes sans exception, il devrait se dire, « Qu’il ne laisserait rien, absolument rien venir entraver ou perturber cette fête d’autant plus qu’il s’agit du mariage de sa première fille. Le jour de la « Henna », est une journée exclusivement féminine, le papa n’a pas lésiné sur les moyens, en invitant un groupe de Medehates. Un climat de fraternité et une ambiance familiale des plus chaleureuses. Notre voisin est estimé de tous, un homme respectable et respecté, issu d’une famille connue à Ain-Nouissy, donc, tout le monde participe à la fête en envoyant femmes et filles, assister à la henna de la mariée en l’entourant de présents et de « Barouks », tout en lui souhaitant longue vie et beaucoup d’enfants. La fête a duré toute la nuit jusqu’à une heure très tardive même. Mais personne des voisins n’a osé dire quoique ce soit, pour la simple raison, diront-ils, c’est la fête de la fille de notre frère « Chegga », rien à dire, nous lui souhaitons tout le bonheur dans sa vie conjugale. Voilà l’éducation familiale, les relations fraternelles et amicales avec les voisins, la préservation de ce lien solide, tissé par la proximité d’une part et par le respect de l’autre, d’autre part. Comme vous le diront nos aînés, « Ferh Walla Kerh », aides ton prochain, Dieu t’aidera. Nous nous pourrions que nous réjouir en voyant cet esprit de solidarité entre les voisins, les cousins, les amis, bref tous les habitants de la commune. Espérons que dans les grands centres urbains, où tout semble disparaître en laissant place à des habitudes qui ne sont pas les nôtres, reviennent aux mariages traditionnels. Car, sachez Messieurs ! Que rien ne les vaut. Nous souhaitons tout le bonheur à cette famille, au papa et à la famille du marié.

Hocine
 

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