Histoire avant 1848
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Vie des Communautés
Centenaire 1914-1918

Le 03/01/2007

LES BORJIAS À LA MERCI DES INONDATIONS.

Les remontées d’eau enregistrées à la faveur des dernières pluies auront mis à mal les populations des communes voisines de Sirat et de Haciane. Ces dernières sont directement concernées par l’évacuation des eaux usées en provenance de Mansourah, Touahria et Sirat.

Déjà, lors du lancement de ce projet en 2002, les habitants du douar El Khoddem auront vainement tenté de faire cesser les travaux d’aménagement des bassins de lagunage. Ces citoyens, directement concernés par le passage du canal d’évacuation, auront régulièrement alerté les autorités locales pour leur signifier leur refus de voir s’ériger ces bassins sur leurs terres et à proximité de leur douar. En effet, ils auront été échaudés par l’expérience de leurs voisins du douar Klaouzia qui, durant plus d’une décennie, auront enduré la proximité du premier bassin de lagunage du coin. C’est probablement sous leurs pressions, mais également à cause de l’expansion de l’agglomération, que ces citoyens finiront par faire déplacer le problème sur les terres en aval qui se trouvent être celles de paisibles maraîchers qui en tirent leur subsistance depuis des générations. Jadis, cette terre très fertile s’enorgueillit non sans fierté de posséder les nappes les plus douces mais surtout les plus accessibles. En effet, rares étaient les puits qui dépassaient les 5 mètres de profondeur, ce qui explique l’opulence qui se dégageait de ces plaines sur lesquelles les alignements d’oliviers, de grenadiers et d’orangers servaient également à adoucir les vents dominants. Les premiers ennuis apparaîtront de manière subtile et surtout saisonnière suite à l’émergence d’une démographie galopante dans les communes en aval de la dépression. Car pour son grand malheur, la coquette cité de Sirat se situe en aval de deux grosses agglomérations que sont Mansourah et Touahria, dont les eaux usées ne peuvent faire autrement que d’emprunter la douce vallée qui se déverse de manière naturelle dans l’Oued Tinne. Exutoire naturel inopérant Un confluent de la Macta qui draine toute cette région située au nord des Bordjias. Pendant longtemps, un simple lagunage local permettait à ces petites agglomérations de se débarrasser des eaux usées domestiques sans difficulté. Chez les colons, le creusement d’une simple fosse septique permettait de surmonter le phénomène. Sous la pression des eaux usées, les autorités décideront tout simplement de relier les agglomérations concernées en suivant la courbe de niveaux. L’exutoire naturel de toute la région n’est autre que le fameux Oued Tinne. Mais pour y parvenir, il fallait traverser toutes ces terres fertiles sur lesquelles plusieurs familles avaient érigé de véritables petites agglomérations, comme le douar Klaouzia dont les habitants auront vécu pendant plus de 12 ans sous la hantise des MTH et de la pollution de la nappe phréatique. C’est sur leurs terres que furent érigés les premiers bassins devant accueillir les eaux usées de Mansourah, Touahria et Sirat. Déjà, à l’époque, ces habitants exigeaient le prolongement du canal d’évacuation jusqu’à Oued Tinn, afin de soulager leurs terres. Cependant, cet exutoire naturel s’avèrera inopérant car ce oued éprouve d’énormes difficultés à se frayer un passage jusqu’à l’embouchure de la Mactaa. Son niveau d’envasement est tel que la moindre arrivée d’eau le transforme rapidement en un immense marécage. C’est ce qui vient de se produire à la faveur des dernières pluies. La conjonction des éléments aura mis à mal, encore une fois, la zone. Au printemps dernier, un citoyen ne s’était-il pas immolé en s’accrochant à une ligne de haute tension. Désespéré de voir à chaque fois ses terres inondées par des eaux nauséabondes, il n’aura comme ultime recours que de mettre fin à ses jours. Mais depuis ce drame, cet épineux problème aura été apparemment mieux pris en charge par des apports des eaux pluviales et domestiques. En attendant une vigoureuse prise en charge de cet épineux et parfois dramatique problème, dans toute l’étendue de la plaine des Bordjias, c’est la désolation qui précède la colère. Partout, depuis Haciane jusqu’à la lisière de Sirat, habitants et agriculteurs sont sur une corde raide. De toutes parts, la terre regorge d’eau. La décrue qui habituellement venait à leur secours ne leur sera d’aucun soutien. Située à seulement quelques mètres au dessus du niveau de la mer, la plaine est prioritairement sujette à inondation. L’apport des eaux usées n’aura fait qu’accentuer le phénomène. Même la formule des stations d’épuration érigées à Mesra et Bouguirat semble battre de l’aile. Apparemment sous dimensionnées, elles ne parviennent plus à contenir les flots des agglomérations drainées. Alors que pour les agglomérations de Aïn Nouissy, Fornaka et Béni Yahi, la construction d’une station se poursuit depuis une année. Pour la zone la plus sensible des Bordjias, il faudra un programme d’une toute autre envergure. Sans la promulgation d’un statut particulier à l’ensemble de la zone de la Macta, il serait illusoire de chercher à coordonner cet ensemble.

Yacine Alim

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