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Le 29/04/2009

PRODUCTION AGRICOLE : LES PARASITES SONT AUX AGUETS.

L’année agricole continue de faire de mauvaises surprises aux fellahs. Alors que la pluviométrie exceptionnelle laissait entrevoir des lendemains radieux, l’apparition de maladies est venue tempérer, parfois de manière lourde, les ardeurs de la paysannerie.

La dernière mauvaise surprise est venue d’un parasite que l’on n’attendait pas. Il s’agit, selon plusieurs spécialistes, de la mouche de l’oignon, un diptère dont la larve cause habituellement des dégâts sur les oignons et autres liliacées, comme l’ail ou le poireau. Attaquant essentiellement les tiges, les larves causent souvent des dégâts considérables aux cultures. La région, étant très connue pour ses champs d’oignons – surtout le territoire des Kraïmia qui s’étend entre Stidia, Hassi Mamèche et Aïn Nouissy, où cette culture est devenue endémique –, ne pouvait pas échapper à ce parasite dont l’imago (la mouche adulte) peut atteindre 7 mm et qui a la particularité de pondre plusieurs séries d’œufs dont les larves se nourrissent des racines et des bulbes qu’elles dévorent, provoquant le flétrissement des plantes. Une femelle adulte peut pondre jusqu’à 200 œufs et les larves se transforment en pupe afin d’entrer en dormance hivernale. Dès les premières chaleurs du printemps, elles reprennent leur cycle biologique et entament la phase de reproduction avec une série d’accouplements et de pontes qui dure une dizaine de jours. On note au moins 3 générations durant la saison chaude, toutefois, les dégâts causés par la première génération sont les plus importants en raison, probablement, de conditions atmosphériques très favorables.

La décontamination est quasiment impossible

Alors que les traitements curatifs ne sont pas très efficaces, du fait que la plus grande partie du cycle biologique se déroule dans le sol dont la décontamination est quasiment impossible, ce sont les traitements préventifs sur la semence qui assurent la meilleure et la moins onéreuse protection. Une pratique que les bons semenciers n’oublient jamais de faire, à la grande satisfaction des cultivateurs. Certains n’hésitent pas à produire leurs propres semences qu’ils négligent souvent de protéger, permettant à cette mouche de se reproduire sans fin. Et surtout de s’attaquer à de nouvelles cibles, en l’occurrence des jeunes plants de pastèques que la plupart des fellahs auront appris à cultiver sous abris afin de rentrer en production précocement. Ce sont donc ces pépinières de pastèques qui viennent, pour la première fois, de subir les attaques fulgurantes de la mouche de l’oignon, mettant à plat les projets des producteurs patentés de cette culture grosse consommatrice d’eau. Avec l’arrivée de semences hybrides de plus en plus performantes, les cultures de pastèques ont pris une autre envergure. Aidés par le recours à une irrigation localisée, une fertilisation soluble et une précocité assurée qui leur procure de substantiels revenus, les adeptes de cette plante n’hésitent plus à investir des sommes considérables. En s’attaquant à jeunes plants que certains cultivent à même le sol, favorisant ainsi les contacts avec les parasites terricoles, la mouche de l’oignon vient de compromettre la prochaine campagne de pastèque sur laquelle les fellahs fondaient leurs espoirs. Il semblerait que les plants qui viennent d’être transplantés dans les champs n’aient pas échappé à la furie destructrice du parasite ; ce qui obligerait les paysans concernés à faire des semis de remplacement qui sont fort onéreux du fait des couts excessifs pratiqués par le obtenteurs de semences hybrides, très appréciées pour leurs rendements réguliers. Un aspect qui n’a pas laissé insensibles de nombreux fellahs. Il reste que l’intrusion, que personne n’avait prévue, de ce parasite dans les semis et les cultures de plein champ d’une cucurbitacée comme la pastèque interpelle encore une fois les agronomes ; lesquels doivent expliquer ce phénomène afin de le contrer par des moyens de lutte efficaces, peu onéreux et faciles à mettre en place. Pour les fellahs concernés, l’arrivée de ce ravageur se traduira inévitablement par une chute des revenus et une révision drastique des plans de culture.

Yacine Alim
 

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