Lundi 19 Mars 2012
MADHIA, LA FEMME QUI SAUVA UN DOUAR À FORNAKA.
L'histoire de la révolution algérienne ne semble retenir que les noms des héros aux grands noms, le sacrifice des petites gens pour sa cause n'est point mentionné au sein de ses glorieuses annales, l'histoire de la brave et la courageuse Mahdia en est le parfait exemple parmi les centaines de cas. Une femme qui a tenu face aux soldats de l'armée française, a permis aux moudjahidine de fuir et a sauvé le douar des affres de la féroce oppression des militaires...!
Connue par tous sous le nom de Mahdia, la moudjahida de son vrai nom est KOHEILIA Kheira née à Fornaka en 1916 vivait au lieu dit "El Blane" (la plaine d'El Macta) à quelques milles de l'agglomération rurale de Kédadra relevant de la commune de Fornaka, au sein de ses deux gourbis avec sa famille. Au fil du temps, et après le déclenchement de la Révolution, la demeure de Mahdia devient un "markez" pour les moudjahidine qui se repliaient en ce lieu lors de leur mission de collecte de fonds, la dame se chargeait de les nourrir, de laver leur linge .Pas loin des gourbis, en Octobre 1958, les moudjahidine réalisèrent en pleine route d'Oran une embuscade réussie pleinement, qui a mis fin aux jours d'un espion français qui se faisait passer pour un vétérinaire. Ce dernier venait de "Port aux poules ", se déplaçait d'une ferme à l'autre au bord de son véhicule "une P60 bleue", et collectait des renseignements pour l'armée française sur le mouvement des moudjahidine à travers la région, mais les braves combattants ont fini par l'abattre et récupérer un lot de médicaments et son arme (un pistolet à 7 coups). Malheureusement, cette opération d'un courage sans égal n'a pas été du gout de la soldatesque française qui riposta sauvagement en procédant à des arrestations massives en milieu rural et en incendiant des dizaines de gourbis à travers la région de Saint Leu (Bethioua) et Port aux poules (Mers El Hadjadj ),mais de nouveaux résultats d’enquêtes finirent par réorienter la rage de l'armée coloniale sur la localité de Kedadra (lieu de l'embuscade). Le premier lieu à être visité, fut les gourbis de la courageuse Mahdia en ce 08 Janvier de l'année 1959 où un accrochage des plus longs a eu lieu. 08 braves résistants étaient là au sein de l'un des gourbis, Mahdia ayant entendu le ronflement du moteur du camion (un GMC sans ridelles) ne tarda point à aller à la rencontre des militaires qui venaient vers le gourbi. Elle s'est mise à crier au devant des militaires pour alerter les combattants du deuxième gourbi et en tentant de barrer la route aux soldats. Un échange de tirs croisés a eu lieu, un des combattants a été grièvement blessé, ses camarades l'emportèrent et prirent la fuite. Déçus de ne point pouvoir prendre aucun des moudjahidine, les militaires se vengèrent en brulant les deux gourbis et quittèrent les lieux. Mahdia, ses deux filles et son fils se cachèrent dans la localité de Kedadra, elle fini par être "vendue" et arrêtée avec sa fille Yamina et mises en prison au sein d'un camp de concentration à Perregaux (Mohamadia ) .Interrogée, Mahdia avoua que les moudjahidine venaient uniquement chez elle et ne connaissaient aucune personne à Kedadra ,elle évita au douar de connaitre les affres de féroces représailles. Elle fut libérée une semaine après, elle regagna le douar qu'elle a sauvé, et sera hébergée par les membres de sa famille, en compagnie de ses filles et son fils Dris. Quant à son époux, il décéda au sein d'une grotte des monts de Fergoug, son corps n'a jamais été retrouvé, son fils ainé Baghdadi fut également emprisonné et purgea une peine de 05 mois au pénitencier de Mascara. La bonne dame décéda après une longue maladie en 2002 au foyer de son fils Baghdadi, malheureusement la famille FLITTI n'a eu droit que de voir le nom du père porté par un collège à Fornaka...!
Mohamed El Amine
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