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22 Août 2013

DES TOMBES CHRÉTIENNES PROFANÉES À MOSTAGANEM.

Les trois auteurs appartiennent à un réseau transnational de trafic d’objets d’arts

Dans le cimetière chrétien de la commune de Sirat à Mostaganem une tombe a fait l’objet de profanation dans la nuit de mardi à mercredi passé. Les profanateurs avaient saisi l’absence du gardien du cimetière, par ailleurs très bien entretenu grâce aux agents de l’APC.

Ce lieu bien entretenu par la mairie et respecté par la population se trouve au centre de la commune. Trois personnes ont été ainsi interpellées en flagrant délit de profanation de tombes dans le cimetière sus-cité, a indiqué le lieutenant-colonel Abdelouahed Ilias, commandant du groupement de la Gendarmerie nationale à Mostaganem.

Celui-ci explique que l‘intervention de ses services a été rendu possibile grâce à un appel téléphonique d‘un citoyen sur le numéro vert de la gendarmerie - 1055 - qui a signalé la présence d‘individus "bizarre en train de s‘attaquer à l‘une des tombes du cimetière."

Faisant fi de toute valeur humaine notamment celle du respect que doivent les morts aux vivant, les voleurs n‘ont pas hésité à ouvrir la tombe. Ils semblaient d‘ailleurs très bien informés sur la tombe choisie dont la sépulture contenait les squelettes de quatre Français enterrés durant la période allant de 1873 à 1941 soit près d‘un siècle.

Agés entre 33 et 39 ans, les trois mis en cause, parmi lesquels figure un repris de justice notoire, originaires d‘Oran et Tiaret ont choisi l‘obscurité pour s‘introduire dans le cimetière afin de s‘emparer de la commande faite par leurs commanditaires. Il s‘agit de vases en porcelaine pour lesquels ils étaient censés toucher une somme de 200.000 dinars pour chaque unité volée une somme qui dénote de la valeur de ces objets d‘arts et de collection de grande valeur.

Ces individus n‘ont, fort heureusement, pas eu le temps d‘aller jusqu‘à la fin de leur action dans la mesure où deux des trois personnes ont été surpris par les gendarmes qui les ont transféré vers le poste pour y être interrogés. Le troisième qui avait tenté de s‘évader à bord d‘une Volkswagen noire vers une destination inconnue a vite été arrêté par les gendarmes.

Lors de la séance d‘interrogatoire, les mis en cause sont passés aux aveux. Ils ont ainsi expliqué la raison de leur présence dans le cimetière chrétien. Ils ont révélé qu‘ils étaient derrière la profanation de plusieurs tombes dans une dizaine de cimetière dans la wilaya d‘Oran, a déclaré le lieutenant-colonel Abdelouahed.

A la faveur de l‘extension de compétence, les enquêteurs se sont déplacés vers la ville d‘Oran pour effectuer des perquisitions aux domiciles des mis en cause. Les inculpés, explique le colonel Abdelouahed, "font partie d‘un réseau national structuré et qui poossède des ramifications transnationales en Europe et peut-être même vers les pays voisins". Mostaganem compte 22 cimetières chrétiens à l‘exemple de celui de Stidia, Fornaka, Aïn Nouissy (ancienne appellation Noisy-Les-Bains), Mesra, Bouguirat, Blad Touahria, Aïn Sidi Cherif, Kheir Eddine, etc.

Les services de sécurité ont eu, par le passé, à traiter de nombreuses affaires similaires telles que celle de la ville d‘Annaba ou trois cimetières chrétiens, notamment celui situé en face du consulat général de France, ont été ciblés et saccagés, par des délinquants qui y ont dérobé des objets en fer et en bronze qu‘ils ont revendus à un receleur. 150 autres tombes ont également été profanées dans un cimetière à Béjaïa et deux autres dans celui de la commune de Rouiba à Alger.
523 cimetières chrétiens et un peu plus de 400.000 sépultures sont jusqu‘à présent recensés à travers l‘ensemble du territoire national.

Et pour justement rentabiliser les efforts visant à protéger ces lieux de repos, un accord avait été signé en 1966 entre l‘Etat algérien et son homologue français, stipulant que les collectivités locales algériennes sont tenues "d‘assurer le gardiennage, la mise en place de clôtures et l‘entretien des allées principales."

Pour la sauvegarde de ces lieux, le ministère français des Affaires étrangères avait lancé un vaste programme pour le regroupement des cimetières chrétiens afin de rentabiliser les efforts visant à protéger ces lieux de sépulture.

Ines Amroude
 

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