Histoire avant 1848
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Vie des Communautés
Centenaire 1914-1918

MEL 28/07/2015

ANLB
Aïn Nouissy / Noisy-les-Bains
Toute l'histoire d'un village d'Algérie

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LES RUINES PUNIQUES DE FORNAKA

MM. de Champlouis et de Vigneral attribuent à la Macta le nom de Chylemath, qui figure sur la table de Ptolémée (IV, 9,3), entre Portus Magnus et Bouiza colonia. Cette désignation est sujette à discussion. Ptolémée place l'embouchure du Chylemath à 1 5', soit un peu plus de 15 milles de Portus Magnus, et il ne fait aucune mention du Cheliff, le fleuve le plus important de l'Algérie ; c'est là un fait assez surprenant. En second lieu, quelle importance avait la Macta pour les Romains ? L'absence absolue de traces de la colonisation romaine dans l'immense plaine de la Macta, qui ne mesure pas moins de 1 200 kilomètres carrés, tendrait à prouver que cette plaine, formée des alluvions du Sig, de l'Habra et de l'Oued Melah, successivement refoulés par la mer, était en voie de transformation aux premiers siècles de notre ère. On distingue encore nettement aujourd'hui les grandes chaînes de dunes concentriques qui ont marqué les différentes étapes de son colmatage. Les Romains ne s'en sont donc pas occupés.

Les ruines très anciennes de Fornaka corroborent cette hypothèse : à l’extrémité ouest d'une chaîne de collines de formation géologique ancienne, qui longe la mer entre l'embouchure actuelle de la Macta et le Djebel Trek-el-Touirès, sur une langue de terre s'avançant vers le sud (et aujourd'hui presque au niveau de la plaine), se trouvent des travaux humains (près du marabout de Fornaka), parmi lesquels on remarque un vaste bassin circulaire de 150 mètres de diamètre et de nombreux tumuli. Du fond du bassin jaillissent deux sources d'eau douce intarissables, fait assez remarquable dans une région où toutes les sources sont salées. Les parois, taillées en pente douce dans un tuf dur, sont percées d'une multitude de tombeaux creusés dans le roc et orientés presque tous du centre à la circonférence. Une voie de 9 mètres de large, également creusée dans le tuf, part du centre et se dirige vers l'est, peut-être vers des bains thermaux voisins. Çà et là gisent un grand nombre de débris de poteries. On a voulu, il y a une vingtaine d'années, utiliser les eaux des sources pour arroser les jardins voisins de Borgia, et à cet effet un détachement de pionniers, envoyé d'Oran, commença à creuser un tunnel et à ouvrir une tranchée. Ces travaux ont été' abandonnés et restent inachevés.

Quelle est la date des ruines de Fornaka ? Elles sont évidemment postérieures aux ruines mégalithiques de l'Algérie et aux dolmens libyques ou celtiques. La façon dont sont creusées les tombes dans le roc semblerait indiquer qu'elles sont puniques. Elles remontent probablement à l'époque où la grande baie, n'étant pas encore colmatée, offrait à l'intérieur des terres un port parfaitement sûr.

Il y aurait donc eu sur ce point un établissement punique. Les Romains, qui s'installèrent partout où leurs prédécesseurs avaient des ports, durent aller s'établir à 18 milles à l'ouest de Fornaka, sans doute parce que la baie, commençant à s'ensabler, rendait l'accès de ce point difficile, et, en second lieu, parce que les vases amenées par les crues d'hiver du Sig et de l'Habra devaient dégager des miasmes pestilentiels pendant l'été.

L'emplacement choisi par les Romains était d'ailleurs fort bien situé, au point le plus bas (16 mètres) d'une falaise abritée des vents du nord-ouest par un cap s'avançant très loin dans la mer (cap Carbon), ayant à l'abri de ce cap un port très sûr (Arzeu) et commandant à l'intérieur un vaste plateau presque horizontal.

La ville romaine portait le nom de Portus Magnus. Elle comprenait la ville proprement dite (ruines de Saint-Leu) et le port (ruines d'Arzeu). Ces ruines très remarquables sont bien connues, on y fait chaque jour de nouvelles découvertes. Portus Magnus, d'après l'Itinéraire d'Antonin, était à xx milles (69 kilomètres) de Quiza Municipium. Nos cartes modernes donnent 54 kilomètres.

(Sources : Bulletin archéologique du comité des travaux historiques et scientifiques, Ministère de l’instruction publique et des Beaux-Arts, 1885.)

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