Histoire avant 1848
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Centenaire 1914-1918

MEL 02/08/2015

ANLB
Aïn Nouissy / Noisy-les-Bains
Toute l'histoire d'un village d'Algérie

GENERAL ARMAND O'NEILL

1833 - 1896

Armand Marie Arthur O'Neill est né le 29 juillet 1833, à Peillac (Morbihan) ; il était le dernier enfant de Gustave O'Neill et de Claire Hervieux.

Il épousa sa nièce Amélie Marie Françoise Pobéguin, le 30 mai 1874 à Rambouillet.

Il fut élève des Pères eudistes dans leur collège de Redon et à l'âge de vingt ans commença une belle carrière militaire :

EN FRANCE

Engagé volontaire le 12 novembre 1853, il est élève de l'Ecole spéciale militaire (Saint-Cyr), le 16 novembre de la même année. Le 31 janvier 1855 il est nommé sous-lieutenant au 34e régiment d'infanterie avec le n° 98 sur 228 élèves. Il servira dans ce régiment jusqu'en 1870.

En 1857, il suit les cours de l'Ecole normale de tir et obtient le n° 20 sur 148 officiers élèves.

CAMPAGNE D'ITALIE, du 25 avril 1859 au 10 mai 1860

Il est lieutenant le 21 mai 1859 et par une lettre écrite à sa mère au lendemain de Solferino, 25 juin 1859, il nous livre ses impressions sur cette bataille :

« Nous venons de livrer une grande bataille sur toute la ligne du Mincio. Les deux armées étaient en ligne. La clef des positions ennemies était le plateau et le village de Solferino. Le 1er corps a été chargé par l'Empereur d'attaquer cette position difficile. Nous avons marché de 6 heures à 9 heures (la division Bazaine), car la division Forey était déjà engagée à 6 heures. Elle enleva les deux premières lignes, mais fut arrêtée par le feu terrible du plateau. La 2e division fut alors lancée sur la gauche. On mit la nôtre au centre en face du village. Il se passa alors, pendant cinq heures, un des combats les plus acharnés qui aient jamais eu lieu. Quarante mille Autrichiens entassés sur les hauteurs, derrière les arbres, dans les maisons dont ils avaient percé les murs et enlevé les toits, ne cessaient de nous couvrir de balles. Leur artillerie, placée dans la cour d'un vieux château qui couronnait la position, vomissait la mitraille sur le plateau, pendant que les batteries de droite et de gauche de la plaine balayaient les rampes qui pouvaient conduire au village. Un cimetière muré barrait le passage qui donnait accès sur la cour du château.

Déjà six régiments avaient été lancés successivement au pas de charge sur ce cimetière, mais il était tellement bien garni d'ennemis et si bien crénelé que le 17e bataillon de chasseurs, les 15e, 21e, 61e et 100e de ligne et le 1er zouaves, après avoir franchi tous les autres obstacles à la baïonnette, étaient venus se briser avec une gloire inutile contre cette forteresse. C'était le tour du 34e. Nos généraux nous lancent l'épée à la main. Nous traversons une partie du plateau, une vigne et un préau haut sous une grêle incroyable de projectiles, mais nous aussi nous sommes arrêtés en face du cimetière. En vain, le colonel se lance avec son drapeau, il tombe frappé à l'aine ; mon chef de bataillon tombe blessé, l'adjudant-major est tué, le porte-drapeau tombe frappé en plein front, un autre officier essaie de porter encore plus loin notre aigle, il a le même sort, toute la garde est frappée à mort. C'était un moment terrible.

Les autres colonnes qui, épuisées par le feu et la fatigue, étaient abritées dans les ravins qu'elles avaient conquis, criaient « bravo le 34e » ; mais nous ne pouvions résister longtemps. Nous aussi nous cherchons un abri dans notre ravin de gauche, pendant que notre artillerie qu'avec des efforts inouïs on a montée sur les collines couvre les retranchements ennemis de mitraille.

Mais, dans la plaine, l'ennemi faisait plutôt des progrès sensibles du côté des Piémontais. L'Empereur comprend que tout le succès de la journée dépend de la prise de Solferino. Il prend Baraguey d'Hillier s ; celui-ci, brave comme un lion, dirigeant lui-même l'attaque du cimetière, les deux généraux d'artillerie et du génie étant hors de combat, avait déjà eu trois chevaux tués sous lui. Il ordonne à notre 2e brigade de s'élancer et à l'artillerie de se taire, mais nous de la 1re brigade, zouaves et 34e, nous nous élançons une troisième fois. Le cimetière est enlevé, ainsi que le village, le château, le plateau, la colline des cyprès, etc.

C'est un bien beau fait d'armes, mais nous l'avons payé cher. Mon régiment, c'est-à-dire deux bataillons seulement, y a laissé vingt officiers tués ou blessés. Je ne connais pas le relevé de nos pertes, mais dans ma compagnie, sur soixante-sept hommes que j'ai conduits au feu, je n'en ai ramené que quarante. Un de mes bons amis, Lardenois, lieutenant dont je vous ai parlé souvent en congé, est tombé à côté de moi. Un de mes petits, recrue que j'aimais beaucoup aussi, a été frappé au cimetière. Séré, comme moi, a été très heureux, ni tué ni blessé, mais il a bien failli être prisonnier. J'ai été très content de ma compagnie ; depuis que je suis lieutenant, je l'ai toujours commandée, mon capitaine étant employé à la place de Gênes. Mon chef de bataillon, c'est-à-dire le capitaine qui a pris le commandement, m'a donné une poignée de main le soir devant tous les officiers supérieurs, en disant beaucoup de bien de moi. On peut du reste féliciter tous les officiers du 34e, car le régiment a été brillant. Brillot n'a rien, son bataillon était aux bagages. »

Sa bravoure et ses actions lui valent d'être décoré de la Valeur militaire de Savoie, en 1859, et il reçoit la médaille des combattants d'Italie.

EN FRANCE, de 1859 à mars 1864

Capitaine le 21 mars 1863, en garnison à Lodève (Hérault).

CAMPAGNE D'AFRIQUE (ALGERIE), du 13 octobre 1864 au 21 novembre 1868

Capitaine instructeur de tir le 29 octobre 1868.

EN FRANCE, de novembre 1868 à août 1878

Chevalier de la Légion d'honneur, le 28 décembre 1868.

Capitaine adjudant-major, le 15 juillet 1870 ; nommé officier d'ordonnance du ministre de la Guerre, le 26 juillet ; il passe capitaine le 15 août 1870.

Nommé chef de bataillons le 7 septembre 1870 (comme il est dit au chapitre XII des souvenirs), il va au 28e régiment d'infanterie de marche (ex-Garde impériale), à l'armée de Paris.

CAMPAGNE CONTRE L'ALLEMAGNE, du 11 septembre 1870 au 7 mars 1871

Siège de Paris : combat en avant de Saint-Denis, les 19 et 23 septembre à Pierrefitte et Stains.

Le 28 octobre 1870, au 128e régiment d'infanterie de ligne. Le 29 octobre combat à Villetaneuse.

Il passe au 22e bataillon de chasseurs à pied le 20 novembre 1870. Combat à Maison-Blanche le 20 décembre, à Ville-Evrard le 21 décembre.

Lieutenant-colonel au 135e régiment d'infanterie de ligne 2e division du 1er corps d'armée de Versailles, le 4 janvier 1871.

Bombardement de Paris : bataille de Montretout, le 19 janvier.

CAMPAGNE DE L'INTERIEUR (insurrection de Paris), du 18 mars au 7 juin 1871

Il combat à Châtillon, Neuilly, Asnières ; participe aux opérations contre Montmartre et La Villette.

EN FRANCE

Il est maintenu dans le grade de lieutenant-colonel par la commission de révision des grades, à la date du 16 septembre 1871, et passe au 120e régiment d'infanterie de ligne en garnison à Péronne, le 1er mai 1872.

Il est colonel, le 21 août 1877, au 12e régiment d'infanterie de ligne.

EN ALGERIE, d'août 1878 à mars 1889

CAMPAGNE D'AFRIQUE (ALGERIE), du 13 août 1878 au 21 avril 1881

Colonel du 2e régiment de tirailleurs algériens de Mostaganem, le 11 juillet 1878.

CAMPAGNE DE TUNISIE, du 22 avril au 15 juin 1881

Cité au bulletin officiel du corps expéditionnaire le 30 avril 1881 pour le combat de Ben Bechir comme « ayant mené vigoureusement l'affaire ».

CAMPAGNE D'AFRIQUE (ALGERIE)

Du 22 octobre 1881 au 21 janvier 1882 a fait partie des colonnes destinées à réprimer des mouvements insurrectionnels dans le Sud oranais.

Décoré 1re classe (Commandeur) du Nichan Iftikhar (autorisation du 19 avril 1882).

Nommé général de brigade le 1er décembre 1883, il se met en disponibilité et obtient le commandement de la subdivision de Batna (Constantine), le 19 février 1884.

Officier de la Légion d'honneur en 1885.

Il commande la subdivision de Mascara (Oran), le 31 décembre 1887.

Promu général de division le 21 décembre 1888, il se remet en disponibilité.

Décoré de la médaille coloniale (Algérie-Tunisie).

EN FRANCE, de mars 1889 à avril 1891

Il obtient le commandement de la 28e division d'infanterie (14e corps d'armée) comprenant les subdivisions de région d'Annecy, Vienne, Bourgoin et Chambéry, le 31 mars 1889.

Grand officier de l'Ordre des Saints Maurice et Lazare (autorisation du 9 mai 1890).

Commandeur de la Légion d'honneur, le 12 juillet 1890.

EN ALGERIE, d'avril 1891 à décembre 1892

Il commande la division de Constantine le 4 avril 1891.

Appréciation du général commandant le 19e corps d'armée, à Alger, le 31 août 1892 : « Le général O'Neill remplit avec beaucoup de distinction les doubles fonctions de général de division commandant de province et de préfet en territoire militaire. Son long séjour en Afrique et sa haute intelligence en font un auxiliaire précieux pour le commandant en chef et pour le gouverneur général civil. Ses relations sont parfaites, il a l'habitude de la représentation, sa maison est très honorablement tenue. Je serais très heureux, dans l'intérêt de l'armée d'Afrique et de la colonie, de l'avoir pour successeur, convaincu qu'il rendrait les meilleurs services, d'autant qu'il aurait plusieurs années devant lui et qu'il n'aurait pas d'apprentissage à faire. Signé Le général commandant le 19e Corps (illisible). »

EN FRANCE, de décembre 1892 à mars 1896 (décès)

Il commande le 12e corps d'armée à Limoges, le 29 décembre 1892.

Commande le 16e corps d'armée à Montpellier, le 26 août 1893, en succession du général marquis de Boisdenemets.

Grand officier de la Légion d'honneur en 1894.

Il meurt à Montpellier, le 17 mars 1896, avec le grade de général de division, et est inhumé à Mostaganem.

§

(Source : Cette biographie est extraite des Souvenirs d’enfance d’une femme de cinquante ans d’Yvonne O’Neill, baronne Jacques de Barthès de Montfort, fille du général O’Neill)

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