Histoire avant 1848
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Centenaire 1914-1918

MEL 02/08/2015

ANLB
Aïn Nouissy / Noisy-les-Bains
Toute l'histoire d'un village d'Algérie

COLONEL OLIVIER POBEGUIN

1818 - 1894

François Olivier Pobéguin est né le 25 mars 1818, à Vannes (Morbihan), fils de Louis Pierre Pobéguin et de Rachel de Putron.

Il épousa Amélie Marie Françoise O'Neill, le 11 juin 1863 à Miliana (Algérie).

Ayant une vocation prononcée pour les armes, robuste et mesurant 1,76m (taille supérieure à la moyenne de cette époque), d'une santé à toute épreuve, Olivier Pobéguin s'engagea à Vannes au 1er chasseurs d'Afrique, le 3 octobre 1836. Il avait dix-huit ans.

CAMPAGNE EN AFRIQUE (ALGERIE), du 15 novembre 1836 au 16 avril 1869

Il est nommé brigadier le 27 septembre 1837, brigadier-fourrier le 11 octobre suivant, puis passe maréchal des logis le 11 septembre 1838.

Le 20 novembre 1839, à la suite du massacre de Oued-el-Alleug, « le maréchal des logis Pobéguin est proposé pour le grade de sous-lieutenant ; ce sous-officier s'est signalé pendant la retraite par deux actions d'éclat, et il est miraculeux qu'il n'ait payé de sa vie son noble dévouement », dixit son colonel.

Le même fait est relaté ainsi qu'il suit dans l'historique du 1er chasseurs d'Afrique : « M. Pêcheur, sous-lieutenant, et le maréchal des logis Pobéguin, seuls à cheval au milieu de l'infanterie, servant de point de mire aux coups de fusil des Arabes, échappent comme par miracle à cette affreuse boucherie. M. Pêcheur eut les deux cuisses traversées par une balle, le maréchal des logis Pobéguin tua deux Arabes de sa main.

Le maréchal des logis Pobéguin parvint à ramener à la redoute M. Pêcheur, sans connaissance, en se frayant un chemin à travers les deux cents cavaliers qui avaient chargé la division de chasseurs battant en retraite. Il eut l'arçon de sa selle et son fusil en bandoulière brisés par les balles.

Sorti de nouveau seul de la redoute pour se porter au secours d'un fantassin du 24e blessé, auquel deux Arabes se disposaient à couper la tête, il eut le bonheur de sauver le fourrier et de le ramener à la redoute, après avoir tué les deux Arabes, dont l'un était le caïd des Attafs, réputé pour sa bravoure. »

Le 14 décembre 1839, le maréchal des logis Pobéguin est proposé pour la Légion d'honneur pour s'être distingué dans la charge exécutée par le 1er chasseurs d'Afrique à l'effet de dégager un convoi se dirigeant de Boufarik au grand camp de Blida, et pour avoir tué un fantassin régulier d'Abd el-Kader.

Le 31 décembre 1839, il est de nouveau proposé pour la Légion d'honneur pour sa brillante attitude dans la charge fournie par le 1er chasseurs d'Afrique entre Oued-el-Alleug et le grand camp de Blida, charge pendant laquelle, blessé d'un coup de feu à la main droite, il tua trois fantassins réguliers d'Abd el-Kader et un Kabyle.

En octobre 1840, le maréchal des logis Pobéguin ramène deux prisonniers et le cheval de l'un d'eux, à la suite d'une razzia exécutée entre l'oued Ger et la Mitidja.

Le 21 septembre 1842, « dans les huit charges successives fournies par le 1er chasseurs d'Afrique dans l'oued Fodda à l'effet de dégager l'infanterie, le maréchal des logis Pobéguin s'est signalé d'une manière toute particulière et a tué deux Kabyles ». Sa bravoure lui valut d'être cité à l'ordre de l'armée, proposé une troisième fois pour la croix et cité en outre dans un rapport du gouverneur général de l'Algérie, inséré au Moniteur officiel.

Le 9 décembre 1842, à la suite du combat de Kamachur, chez les Meckirenes, le maréchal des logis Pobéguin est l'objet d'une citation dans le rapport du colonel Koste et d'une nouvelle proposition pour le grade de sous-lieutenant. Il avait tué un Kabyle dans la charge exécutée par le 2e escadron pour dégager une compagnie d'un bataillon d'Afrique.

Le 25 décembre 1842, quatrième proposition pour la croix : « Dans les Aurès, le maréchal des logis Pobéguin, avec trente chasseurs de bonne volonté, a mis pied à terre pour soutenir la retraite de deux escadrons sous le commandement de M. le chef d'escadron de Cotte, qui s'était trop attardé en brûlant des villages kabyles. »

PRISE DE LA SMALA, le 16 mai 1843

Vers 11 heures du matin, six cents chasseurs, gendarmes et spahis, sous les ordres du duc d'Aumale, fils de Louis-Philippe, arrivaient à Ras-el-Aïn/Mta-Taguin, dans le petit désert, à environ trois cent cinquante kilomètres d'Alger.

Depuis six jours, cette cavalerie marchait presque constamment et en vingt-quatre heures avait parcouru une centaine de kilomètres, sans trouver une goutte d'eau, au milieu de tourbillons de sable, sous l'action dévorante du simoun. Hommes et chevaux mouraient de soif et de fatigue.

Tout à coup, Ahmar ben-Ferrath, agha des Ouled-Aïad, qui marchait en avant avec quelques éclaireurs, revint au galop vers le prince : il avait aperçu la smala d'Abd el-Kader, dont la colonne suivait la trace. Elle était campée tout entière sur la source même de Taguin qui ne devait pas être le moindre prix de la victoire.

Ahmar et ses cavaliers, effrayés du petit nombre des Français et de la grande masse de ses ennemis, se jeta aux genoux du duc d'Aumale en le suppliant d'attendre son infanterie, lui représentant que malgré leur énergie, les zouaves ne pouvaient pas arriver avant deux heures ; et cependant une demi-heure de retard aurait suffi pour que les femmes et les troupeaux fussent hors de portée, et pour que les nombreux combattants de cette ville de tentes eussent le temps de se rallier et de s'entendre. Alors, tout eut été compromis, aussi le prince n'hésita pas un instant : « Jamais, dit-il, jamais personne de ma race n'a reculé », et immédiatement prit ses dispositions pour l'attaque.

La smala d'Abd el-Kader n'était pas seulement la réunion de quelques serviteurs fidèles autour de la famille et des trésors de l'émir. C'était une capitale ambulante, un centre d'où partaient tous les ordres, où se traitaient toutes les affaires importantes, où toutes les grandes familles trouvaient un refuge sans pouvoir échapper ensuite à l'inquiète surveillance qui les retenait. Autour de ces grandes familles se groupaient des populations immenses qui les entouraient comme un rempart vivant, des tribus du désert, qui les guidaient et les protégeaient au milieu de ces vastes plaines. Incapables d'agir seuls, ces éléments hétérogènes obéissant à une seule impulsion présentaient dans leur ensemble une masse compacte et imposante à tous les yeux. Une fois incorporées à cette immense émigration, les tribus ne pouvaient guère la quitter, et constituaient elles-mêmes, pour ainsi dire, la force qui les maintenait dans l'obéissance. La solution de ce problème n'était pas une des moindes œuvres du génie de l'infatigable adversaire des Français.

La smala renfermait :

-trois cent soixante-huit douars de quinze à vingt tentes chacun ;

-une population d'environ vingt mille individus ;

-cinq mille combattants armés de fusils, dont cinq cents fantassins réguliers et deux mille cavaliers.

A ce moment, Abd el-Kader n'y était pas car, avec sa cavalerie régulière, il observait la division de Mascara qui, sous les ordres du général de Lamoricière, opérait dans le petit désert où les principaux lieutenants de l'émir organisaient la résistance que les Kabyles de l'Ouarsenis et du Dhara opposaient à nos colonnes ; mais leurs familles étaient restées auprès de celle de l'émir ; les richesses, les affections de tous les grands ennemis de notre domination étaient dans la smala. Celle-ci était arrivée, le 15 au soir, à Taguin où ces chefs la croyaient en sûreté, et ne se doutaient pas de la marche secrète et rapide de la colonne de Médéa. Le 16 au matin, la tente d'Abd el-Kader était dressée, et cet exemple avait été suivi par toutes les autres. C'est au moment où cette opération s'achevait, au moment où les hommes menaient les troupeaux pâturer, où les femmes préparaient leurs ragoûts, qu'un cri terrible retentit dans tout le camp : « Roumi, Roumi ! » (les Chrétiens, les Chrétiens !).

La cavalerie, commandée par le duc d'Aumale, venait d'apparaître et se déployait sur un petit mamelon pierreux qui domine la source de Taguin.

Trois petits escadrons de spahis, aux ordres du colonel Yusuf, s'élancèrent les premiers et atteignirent bientôt le douar d'Abd el-Kader. Ce sont eux que l'on voit au fond du tableau d'Horace Vernet, au pied d'un fort turc ruiné, au milieu des tentes blanches qu'habitaient la famille et les gardes de l'émir. En vain, les fantassins réguliers s'élancèrent-ils hors de leurs tentes, essayant par leur feu nourri de repousser nos spahis. Ceux-ci, entraînés par leurs chefs intrépides, les chargèrent et les dispersèrent. Le combat cessa bientôt sur ce point. Un canon, deux affûts, quatre drapeaux, tout le trésor d'Abd el-Kader, ses parents, ses effets, ses serviteurs personnels étaient au pouvoir des assaillants. Mais les officiers et sous-officiers français, continuant au loin la poursuite, donnèrent à leurs soldats indigènes un nouvel et brillant exemple de leur valeur nationale.

Le duc d'Aumale était resté avec les chasseurs, parmi lesquels le maréchal des logis Pobéguin, dont il avait d'abord voulu composer la réserve. Mais lorsque, descendant au grand trot le rideau qui masquait l'ennemi, il découvrit l'immensité de cette ville de tentes, lorsqu'il vit cette fourmilière d'hommes qui couraient aux armes, alors il comprit qu'il fallait engager tout le monde, et que l'audace seule pouvait décider du succès.

Les chasseurs, obliquant à droite, dépassèrent les spahis et pénètrèrent dans le camp sous une vive fusillade. Avec le sang-froid du vrai courage, ils conservèrent dans l'émotion du combat cet ensemble qui double la force. Leurs rangs, qui s'ouvraient pour laisser passer des vieillards craintifs et des femmes éplorées, se resserraient pour renverser ceux qui tentaient de combattre. Mais la résistance s'organisait. La brillante cavalerie des Hachems, tous parents de l'émir, voulait arracher aux chrétiens les familles et les richesses des plus fermes défenseurs de la foi.

Tandis que de rapides dromadaires entraînaient les femmes, que l'on enlevait des tentes ce qu'elles contenaient de plus précieux, les hommes de guerre saisissant leurs fusils se jetaient sur leurs chevaux, se ralliaient et s'élançaient au combat.

Le duc d'Aumale détacha sur la gauche le sous-lieutenant Delage dont le peloton se déploya en tirailleurs et attaqua franchement l'ennemi. Mais le cheval de ce brave officier fut tué ; plusieurs de ses chasseurs tombèrent, frappés des coups ennemis ; ils allaient être submergés lorsque le sous-lieutenant de Canclaux, envoyé à leur aide, les dégagea par une brillante charge.

A droite, le capitaine d'Espinay culbuta avec son escadron tout ce qu'il y avait devant lui et alla arrêter au loin la tête des fuyards.

Enfin, au centre, le lieutenant-colonel Morris se jeta avec trois pelotons sur le gros de l'ennemi, communiquant à ceux qui le suivaient son irrésistible élan, et, par son intelligence audacieuse, assura le succès de la journée. Au moment de la charge, le lieutenant-colonel Morris fut tiré à bout portant par un fantassin qui le manqua et qu'il renversa d'un coup de pistolet.

Une heure et demie après le commencement de l'affaire, le prince ralliait nos escadrons victorieux. Déjà autour de lui se groupaient des populations considérables qui, pendant l'action même, imploraient la clémence française. Tout ce qui demandait grâce et ne combattait pas avait été épargné.

Le soir, l'infanterie commandée par les lieutenants-colonels de Chasseloup et Chadeysson arriva, après une marche admirable d'environ cent vingt kilomètres en trente-six heures, fatiguée mais en bon ordre et n'ayant d'autre regret que celui de n'avoir pu prendre part à l'action.

Le colonel rentra à Médéa, le 25 mai, sans avoir brûlé une amorce depuis le combat de Taguin, ramenant un butin immense, vingt mille têtes de bétail et quatre à cinq mille prisonniers des deux sexes, parmi lesquels on remarquait plusieurs parents d'Abd el-Kader, sa famille entière, celle de son premier secrétaire Kharoubi, Si el-Hadj, marabout très vénéré, etc.

La prise de la smala eut des résultats immenses, décida la soumission immédiate des principales tribus du désert, et porta un bien rude coup à la puissance d'Abd el-Kader, déjà fortement ébranlée.

La colonne expéditionnaire se composait de :

-un bataillon du 33e de ligne, commandant de Monet ;

-un bataillon du 64e de ligne, commandant d'Auzelle ;

-un bataillon de zouaves, commandant de Garderrens, lieutenant-colonel Chadeysson du 64e ;

-un détachement de gendarmes ;

-un détachement du 1er chasseurs d'Afrique auquel appartenait le maréchal des logis Pobéguin ;

-deux escadrons du 4e chasseurs d'Afrique, lieutenant-colonel Morris du 4e chasseurs ;

-trois escadrons de spahis, chef d'escadron d'Allonville ;

-ensemble six cents chevaux aux ordres du colonel Yusuf des spahis, une section de montagne et deux bouches à feu.

Extrait du rapport du duc d'Aumale en date du 20 mai 1843 :

« Vous connaissez, mon Général, le colonel Yusuf et le lieutenant-colonel Morris ; vous connaissez leur brillant courage et leur intelligence militaire, mais je n'hésiterai pas à vous dire qu'ils se sont montrés en ce jour au-dessus de leur réputation. Après eux, je vous citerai, dans l'état-major, le commandant Jamin, mon aide de camp ; les capitaines de Beaufort, Durrieu et de Marguenat ; l'interprète de première classe Urbain. Dans le 33e, le capitaine Dupin, de l'état-major ; dans la gendarmerie, MM. Grandjean, Luyenant ; le maréchal des logis Chamber ; le brigadier Hurel ; le gendarme Formeau, blessé ; dans le 1er de chasseurs, le lieutenant Lichtlin ; les maréchaux des logis d'Orvinsy et Pobéguin ; dans le 4e de chasseurs, les capitaines d'Epinay, Gandvallet et Cadec ; le lieutenant Paulze d'Ivoye ; les sous-lieutenants Marchand, Dreue, de Canclaux et Delage ; les maréchaux des logis Dreux, Carelles, Laroche, Cambriel, Monphoux ; les brigadiers Masson, Bertrand, Boisnet, Briont ; les chasseurs Magnin, Morel, Delacour, Perray, Lemoine et Desprès ; le trompette Hardouin. Dans les spahis, le chef d'escadron d'Allonville ; les capitaines Olfroy et Piat ; les lieutenants Fleury, Jacquier, Gautrot, Bréauté, de Breteuil, Piat et Saïd, blessé grièvement ; l'adjudant Olivier ; les maréchaux des logis Mesmer, de Chamitz, Yousouf ben-Morcelli, Abderrahmann ben-Sidi-Ali, Kadda el-Arroudj ; les brigadiers Garnier, Ben-Kasnadji, Hussein ben-Bachir, Eimedani ; les cavaliers Bourricha, Ouali-Assan, Ben-Aïssa, Ben-Kassem-Ould-el-Bey, Abderrahmann bou-Noua, Mourad bel-Hadji-Moutapha et Ben-Kassem-ben-Omar. »

Même si cette énumération est un peu fastidieuse, il nous paraît utile et émouvant de rappeler les noms de ces glorieux soldats, compagnons d'armes d'Olivier Pobéguin ; elle complète la description de l'événement capital que fut la prise de la smala au cours de laquelle notre maréchal des logis tua deux Arabes dont un des principaux chefs, et conserva les armes de ce dernier.

Sa brillante conduite lui valut à cette occasion d'être, comme nous l'avons vu, cité à l'ordre de l'armée et proposé pour le grade de sous-lieutenant. De plus, le peintre Horace Vernet, lorsqu'il immortalisa ce glorieux épisode de la conquête de l'Algérie, par une œuvre magistrale de vingt et un mètres de long sur un peu moins de cinq mètres de haut se trouvant à Versailles, représenta Olivier Pobéguin sur la gauche du tableau parmi un groupe de cavaliers, entre le trompette et le lieutenant Lichtlin.

En octobre 1843, il eut l'honneur d'être présenté au duc d'Aumale par son colonel, M. de Bourgoin.

Mais les choses en seraient restées là en fait d'honneurs si, le 20 septembre de cette année 1843, dans une lettre adressée au ministre de la Guerre, et traitant du cas particulier du maréchal des logis Pobéguin, le maréchal Bugeaud, gouverneur général de l'Algérie, n'était personnellement intervenu :

« Lorsque les récompenses arrivèrent à Alger (pour honorer ceux qui s'étaient distingués le 16 mai), je reçus des témoignages de regret de ne pas voir le maréchal des logis Pobéguin, du 1er régiment de chasseurs d'Afrique, décoré de l'ordre de la Légion d'honneur.

Je demandai alors à M. le général Horte un rapport au sujet de ce sous-officier.

Les faits qui furent portés à ma connaissance me montrèrent tous les titres que le maréchal des logis Pobéguin avait à votre bienveillance, monsieur le Maréchal. Cependant, j'hésitai à vous faire une proposition spéciale en faveur de ce sous-officier pour des faits qui ne venaient pas d'avoir lieu, et je comptais comprendre le sieur Pobéguin dans le premier travail que je vous transmettrais, lorsque, il y a deux jours, il a sauvé au péril de sa vie un chasseur qui, entraîné par les flots, était sur le point de se noyer.

Je pense, monsieur le Maréchal, que vous jugerez favorablement les titres du maréchal des logis Pobéguin et que vous daignerez accueillir la proposition que j'ai l'honneur de vous adresser en sa faveur pour la décoration de l'ordre royal de la Légion d'honneur.

Agréez, monsieur le Maréchal, l'assurance de mon respectueux dévouement.

Le Maréchal de France, Gouverneur Général, Bugeaud

P-S. Je tiens infiniment à ce que cette récompense soit obtenue. »

Il était très difficile de refuser et, le 20 décembre 1843, le maréchal des logis Pobéguin fut enfin décoré chevalier de la Légion d'honneur.

Le 14 août 1844, nouvelle proposition au grade de sous-lieutenant pour sa brillante conduite à la bataille d'Isly.

Vers la fin de mai 1846, après huit mois passés dans le Sud à protéger nos tribus amies et à poursuivre Abd el-Kader, sous les ordres des généraux Bedeau, Marey-Monge, Efauvant et du colonel Kamou, le maréchal des logis Pobéguin tua un cavalier arabe dans le djebel Amour, près de Gemira, et fut un des treize sous-officiers, brigadiers ou cavaliers ayant résisté aux fatigues, aux privations et aux maladies qui nécessitèrent l'évacuation des officiers et de tout le reste de la troupe sur les places de Boghar et de Médéa.

Il fut enfin promu sous-lieutenant, le 28 mai 1848, et se distingua en 1851 dans la charge exécutée sous les ordres du colonel Cassaignol près de Tizi-Ouzou, où il tua un Kabyle.

Lieutenant, au choix, le 3 avril 1852.

LE SERVICE DES REMONTES, du 29 décembre 1852 au 27 février 1869

M. Pobéguin fut détaché malgré lui au service des remontes. Son colonel, M. Cassaignol, l'avait désigné à cet effet au maréchal Randon qui désirait, pour ces emplois, des officiers ayant déjà fait leurs preuves et entourés de l'estime générale.

Malgré les promesses qui lui avaient été faites et qui devaient lui permettre de rentrer au régiment, M. Pobéguin fut maintenu dans les remontes, le maréchal tenant essentiellement à conserver un officier dont les heureux achats à Alger dénotaient une connaissance approfondie du cheval.

Ainsi, malgré ses promotions et ses affectations dans différents régiments, Pobéguin resta-t-il aux remontes jusqu'en 1869.

Le 1er mai 1854, il est nommé capitaine au 8e régiment de lanciers, après avoir porté pendant dix-huit ans l'uniforme du glorieux 1er régiment de chasseurs d'Afrique, mais le 27 juin de la même année il obtint pour convenance personnelle de servir au 1er spahis (peut-être pour rester en Algérie, le 8e lanciers tenant vraisemblablement garnison en France).

Au moment de la guerre de Crimée (1854-1855), M. Pobéguin fit les démarches les plus actives pour prendre part à l'expédition ; tous ses camarades plaidèrent sa cause auprès de leur colonel, en exprimant le regret de laisser derrière eux un des officiers les plus vigoureux de l'armée. Cette faveur ne put lui être accordée : il faisait partie d'un escadron du dépôt et le colonel ne voulut, comme principe, consentir à aucune permutation.

En 1857, dans sa note d'inspection, le général Beynac le juge : « Bon officier de cavalerie et de remonte, doit être maintenu dans ce service pour lequel il a une grande aptitude. »

En 1861, à son tour, le général Desvaux écrit de lui : « Excellent officier sous tous les rapports ; connaît parfaitement les chevaux ; très zélé, très intelligent, très méritant ; à avancer chef d'escadrons le plus tôt possible. »

Le 14 janvier 1863, il est nommé chef d'escadrons au 11e régiment de chasseurs et le 23 janvier prend ses fonctions de commandant de la remonte de Blida, venant de la remonte de Miliana.

En 1863 et 1864, le général Morris, qui le connaît au moins depuis l'affaire de la smala, écrit dans sa tournée d'inspection : « Le commandant Pobéguin est parfaitement placé à la tête des remontes de la province, il y rend de très bons services et devrait toujours y être conservé. C'est un homme très précieux, très actif, qui connaît à fond le pays et tient parfaitement son dépôt. »

Le 24 juin 1865, le chef d'escadrons Pobéguin est nommé officier de la Légion d'honneur à l'occasion du voyage de Napoléon III en Algérie.

EN FRANCE

Promu lieutenant-colonel, le 27 février 1869, Pobéguin fut mis hors cadre du service des remontes et affecté au 10e cuirassiers tenant garnison en France.

Après quinze ans à commander les remontes d'Algérie, voilà Pobéguin de nouveau au régiment et le général de Clérembault dit de lui : « Cavalier hardi et entreprenant arrivé depuis peu au régiment ; a beaucoup à apprendre sous le rapport théorique et pratique mais travaille avec assiduité : à la fin de l'année sera à la hauteur de ses fonctions ; très zélé, a du tact ; sera un très bon officier. »

CAMPAGNE CONTRE L'ALLEMAGNE, du 23 juillet au 28 octobre 1870

PRISONNIER DE GUERRE EN ALLEMAGNE, du 29 octobre 1870 au 15 mars 1871, à la suite de la capitulation de Metz.

Pour la période 1870-1871, le lieutenant-colonel Pobéguin a tenu un journal de campagne intitulé L'Année de Metz.

DERNIERES GARNISONS, du mois d'avril 1871 au 9 mars 1878

Au retour d'Allemagne, le lieutenant-colonel Pobéguin rejoint son régiment en garnison à Niort et, le 1er juin 1872, son colonel écrit au général de division : « J'ai l'honneur de recommander à votre bienveillance un officier dont le mérite vous est déjà connu, le lieutenant-colonel de mon régiment, M. Pobéguin, et dont les services exceptionnels établissent des titres incontestables à la faveur que je sollicite pour lui. Le relevé des services de M. le lieutenant-colonel Pobéguin, complété par des renseignements que je me suis fait un devoir de puiser aux sources les plus authentiques, vous permettra sans doute, mon Général, de réserver un accueil favorable à ma demande, d'apprécier la valeur de cet officier et de lui prêter votre bienveillant appui... En résumé, le lieutenant-colonel Pobéguin compte trente-cinq années de campagnes en Afrique, sept propositions tant pour la croix que pour le grade de sous-lieutenant, trois citations à l'ordre de l'armée et huit citations à l'ordre du régiment. Dans les nombreux combats auxquels il a participé, il a tué de sa main dix-huit ennemis parmi lesquels deux chefs arabes et un officier prussien.

L'exposé de ces services est assez éloquent, mon Général, pour me dispenser de tout commentaire. Le 1er chasseurs d'Afrique conserve d'ailleurs religieusement le souvenir de M. Pobéguin qui y a servi pendant dix-huit ans.

Depuis son retour de captivité, le lieutenant-colonel a fait son possible pour rentrer en Afrique, soit dans le service des remontes, soit par permutation avec un officier des régiments permanents d'Afrique. De graves considérations de famille nécessitent encore aujourd'hui cette détermination : Mlle Pobéguin, née et élevée en Afrique, d'une constitution délicate, supporte difficilement le climat de France. Dans la crainte de voir s'altérer encore la santé de son unique enfant, et en présence du peu de succès de ses démarches, le lieutenant-colonel Pobéguin renouvelle sa demande de rentrer dans un des régiments d'Afrique. Dans le cas où il y aurait impossibilité d'accéder à cette demande, M. Pobéguin est résolu à quitter le service. Mais comme compensation au sacrifice qu'il est obligé de s'imposer, et comme juste rémunération de ses services exceptionnels, j'ai l'honneur de solliciter en sa faveur la croix de commandeur.

Veuillez agréer, etc. »

Le 28 septembre 1872, à la suite de cette démarche, Pobéguin fut nommé dans son grade au 1er spahis, et put ainsi rentrer en Algérie.

Mais moins d'un an plus tard, le 11 octobre 1873, il fut appelé à former le  20e chasseurs en garnison à Châteaudun. Sans doute était-il assuré d'un bénéfice car promu colonel, le 27 octobre suivant, et affecté au 19e régiment de dragons, M. Pobéguin fut le jour même réintégré, avec son nouveau grade, dans ce régiment de chasseurs qu'il venait d'organiser.

En 1874, le 20e chasseurs tenait garnison à Rambouillet.

Le colonel Pobéguin reçut la croix de commandeur de la Légion d'honneur, le 6 février 1877.

Le 9 mars 1878, il fut admis d'office à faire valoir ses droits à la retraite par décision présidentielle et se retira quelque temps à Alger, avant de s'établir définitivement à Mostaganem où son gendre, le colonel O'Neill, vint commander le 2e tirailleurs algériens.

Le colonel Pobéguin mourut d'une pneumonie, à l'hôpital militaire de Mostaganem, le 7 septembre 1894. Il était âgé de 76 ans.

§

(Source : Cette biographie est extraite des Souvenirs d’enfance d’une femme de cinquante ans d’Yvonne O’Neill, baronne Jacques de Barthès de Montfort, petite-fille du colonel Pobéguin)

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