Histoire avant 1848
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Centenaire 1914-1918

ANLB
Aïn Nouissy / Noisy-les-Bains
Toute l'histoire d'un village d'Algérie

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LES EAUX MINERALES DE L'ALGERIE

EAUX SULFUREUSES

AIN-NOUISSY

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Les eaux sulfureuses sont assez communes en Algérie, surtout dans le département de Constantine ; ceux d’Alger et d’Oran en sont relativement moins bien pourvus.

Ces eaux sont le plus souvent thermales, et parmi celles-ci nous en trouvons qui possèdent une minéralisation que l’on chercherait vainement parmi les eaux européennes ; celles de Aïn Mentila renferme, en effet, 0,128 de soufre actif par litre, avec un résidu sec de 60 grammes. On rencontre en outre quelques sulfureuses froides, généralement à petit débit, mais qu’il faut quand même se garder de négliger, car leurs indications thérapeutiques ne sont pas les mêmes que celles des eaux précédentes.

Les eaux sulfureuses sont le plus souvent riches également en chlorure de sodium, mais le rôle thérapeutique du premier de ces agents étant de beaucoup le plus important, nous en avons tenu un compte prépondérant dans la classification.

Ces eaux sont très appréciées des indigènes qui connaissent bien leurs propriétés, et les noms de : Aïn Baroud (la poudre), Aïn Keberta (la soufrée), Aïn el Djerab (la source des galeux), qu’ils attribuent continuellement aux principales sources sulfureuses, montrent qu’ils ne se méprennent ni sur la nature ni sur les effets de ces eaux. Voici les noms des plus intéressantes de ces eaux avec leur teneur en soufre et leur température :

Extrait sec

soufre

température

Aïn Mentila

58,63

0,128

32,7°

Tammersit Guerbir

1,33

0,07

25,6°

Tammersit Keirgis

1,28

0,047

25,8°

Aïn Kebreta

4,34

0,048

25,5°

Aïn Nouissy

14,76

0,006

20,2°

Mekeberla

6,65

0,024

20,5°

Berrouaghia

1,24

0,014

43°

Ksennah Djerab

5,44

0,0115

40,8°

Youks

0,42

0,01

34°

H. Gosbat

4,70

0,008

40,8°

H. Zaïd

1,046

0,007

39°

Aïn Baroud

0,70

0,006

13,5°

Sidi Yahia

0,65

0,006

34,6°

Ksennah (M’Zara)

5,46

0,0058

54,8°

H. Chaboura

1,430

0,0043

39°

H. Tassa

1,96

0,004

39,7°

H. Sidi Trad

0,434

0,0042

63,9°

H. Salahin

9,24

0,0035

44,9°

H. Sidi Mohamed

22,91

0,0032

30,4°

H. Reguema

1,09

0,003

25,6°

Sidi Adjeni

0,512

0,0016

35,6°

Je mets en parallèle avec ces chiffres les teneurs en soufre des plus réputées de nos stations françaises :

Amélie

0,05

Bagnères

0,015

Barèges

0,01

Eaux-Bonnes

0,012

Eaux-Chaudes

0,003

Challes

0,21

Luchon

0,013

Le Vernet

0,01

Ces eaux sont toutes utilisées en bains, les Arabes en boivent quelquefois, mais aucune n’est embouteillée pour l’usage au loin ou n’est employée à des pulvérisations ou à du humage ; il est cependant hors de doute que l’on aurait avec ces eaux les mêmes succès qu’avec les eaux européennes ; il est à souhaiter que l’installation nouvelle que l’on se propose de faire pour la plus importante d’entre elle, H. Salahin, soit pourvue de tous les perfectionnements de l’hydrothérapie moderne et puisse servir de modèle pour les installations plus modestes des autres stations sulfureuses.

Mais l’emploi des eaux sulfureuses, précisément à cause de leur activité, demande à être rationnellement dosé. On sait que, dans les stations européennes même, leur vogue a fléchi un moment à cause des poussées congestives qu’elles provoquaient et qui demandaient à être surveillées. C’est donc surtout pour l’opportunité du traitement interne par ces eaux et pour leur mode d’administration que des conseils médicaux éclairés seront particulièrement importants.

[...]

AIN NOUISSY

L’établissement de Aïn Nouissy, dont on a fait par corruption Noisy-les-Bains, est situé à 21 kilomètres de Mostaganem, et à 24 kilomètres de Perrégaux. Le chemin de fer projeté de Mostaganem à Arzew passera à proximité. A l’heure actuelle, la station est desservie par la diligence de Mostaganem à Perrégaux.

[Fig. 53. – Aïn Nouissy : les sources]

(Image à venir)

Le débit de la source est minime ; il est indiqué par le service des mines comme atteignant 11 litres à la minute, mais est certainement plus faible. Péhéa lui a trouvé, en 1866, une température de 28°. Ici encore la diminution est notable : je n’ai trouvé que 20,2°. Je crois qu’un captage bien fait dans la nappe souterraine aurait le double résultat d’améliorer le débit de l’eau et d’augmenter sa température, d’autant plus que de nombreux suintements d’eau minérale se produisent tout autour.

L'eau est chlorurés sodique et sulfureuse. Un dosage fait à la source nous adonné : S = 0,0049 par litre.

                Voici la composition de l’eau :

Résidu sec

14,765 grammes

Ca

0,2238

Mg

0,0575

Na

5,4800

Fe2O3 + A2103

0,0025

SiO3

Traces

Matières organiques

0,0042

CO3

0,1722

SO4

0,1710

CI

8,6557

En même temps que l’eau, il se dégage de nombreuses bulles de gaz formées par de l’azote pur. Elles proviennent sans doute de l’air dont l’oxygène a été fixé par le sulfure alcalin.

Cette minéralisation, riche en acide sulfhydrique et en chlorure de sodium, la proximité de villes très peuplées telles que Mostaganem, Arzew et même Oran, assurerait à Aïn Nouissy une place importante dans l’hydrologie médicale de Algérie, si elle n’était paralysée par son débit insuffisant. J’ai déjà dit qu’il me paraît possible de l’augmenter par des recherches souterraines ; mais, à l’heure actuelle, le tenancier est réduit à recueillir l’eau pendant la nuit dans un réservoir de 6,6 m3 et augmenter ainsi sa provision.

L’eau n’a guère qu’une température de 20° et n’est pas assez chaude pour pouvoir être utilisée telle que ; aussi la fait-on passer par un réchauffeur, ce qui risque de lui faire perdre tout au moins son hydrogène sulfuré. Il me paraîtrait préférable de la mélanger au moment de s’en servir avec de l’eau ordinaire très chaude ; un tiers d’eau bouillante suffirait pour porter sa température à 39°. Sa minéralisation élevée permettrait cette dilution que le faible débit de la source doit imposer de temps en temps.

[Fig. 54. – Aïn Nouissy : L’établissement.]

(Image à venir)

L’établissement est des plus médiocres, très ancien, et aurait besoin d’être renouvelé et mis au courant de l’hydrothérapie moderne. Il comprend une piscine et six baignoires. Il faudrait, en outre, des appareils à douches et une salle de humage ; l’eau, étant trop chlorurée sodique, serait irritante en pulvérisation.

La station d’Aïn Nouissy est très fréquentée par les indigènes qui l’appellent l’eau miraculeuse ; elle reçoit en outre quelques Européens envoyés surtout par les médecins de Mostaganem. La plupart viennent chaque jour par la diligence pour suivre leur traitement ; toutefois trois chambres sont à la disposition de ceux qui préfèrent y séjourner.

Le traitement donne de beaux résultats dans le traitement des maladies cutanées chroniques, les rhumatismes, les engorgements viscéraux, notamment ceux du fois, et dans les manifestations syphilitiques.

Les affectations pulmonaires, fréquentes, paraît-il, à Mostaganem, pourront y être traitées dès que l’installation sera un peu plus confortable (1).

(1) Péhéa, pharmacien major, « Les eaux minérales d’Aïn Nouissy » (Gaz. Méd. Alger, 1866).

 

(Source : Les eaux minérales de l’Algérie (p 133) ; M. Hanrot, professeur agrégé à la Faculté de Médecine, membre de l’Académie de Médecine ; Editeur : H. Dunod et E. Pinat, Paris 1911 ; commande du Gouvernement Général de l’Algérie.)
 

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