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Aïn Nouissy / Noisy-les-Bains
Toute l'histoire d'un village d'Algérie

NOISY : L’ECOLE COMMUNALE 1931-1938

par Gilbert Lardeaux

La localisation des chantiers de maçonnerie où notre père travaillait, a déterminé le même itinéraire de scolarisation pour mes frères et moi.

Ainsi, épisodiquement, nous avons connu les écoles primaires de Legrand, Fornaka, Noisy-les-Bains. Mais, Noisy fut notre plus important ancrage de fréquentation scolaire.

De ce fait, j’ai pu rassembler dans ce qui suit et pour la période 1931 à 1938, mes plus marquants souvenirs ou, tout au moins, ceux qui restent.

Comme chaque Noiséen le sait, le groupe scolaire du village était séparé en deux par la route nationale N 17 : Mostaganem Perrégaux Saint-Denis du Sig. De part et d’autre de la chaussée, et se faisant face, avaient été édifiées : à gauche l’école des filles et à droite l’école des garçons.

Chaque école comprenait deux bâtiments identiques abritant chacun le logement de la maîtresse ou du maître, un jardin d’agrément et une classe pour l’enseignement.

Ces bâtiments étaient liés et communiquaient entre eux par une cour intérieure fermée par un portail et un préau carrelé pour s’abriter l’hiver, ou jouer à la marelle (peut-être ?) ou avec des noyaux d’abricots, sûrement…

Etant écolier, je n’ai connu que trois classes, la quatrième classe étant celle réservée uniquement aux filles et dirigée par madame Cure.

J’ai débuté par l’école maternelle, au début des années 1950, d’ailleurs je me souviens toujours de ma première institutrice, Mlle Coste qui deviendra madame Garrigue par la suite ; il y avait aussi Mle Irma Corbobesse (c’était notre première Irma la douce) qui secondait Mlle Coste pour surveiller, occuper, aider à dessiner et à chanter, tout ce petit monde des gamins et gamines âgés, je crois, de trois à six ans. Tous les samedis après-midi, avait lieu la distribution des « croix d’honneur » que ces dames épinglaient sur la blouse ou le tablier des enfants sages ; mais nous étions tous sages et obéissants… De telle sorte qu’à 16 heures, toute la classe récompensée sortait. Nous n’étions pas peu fiers d’exhiber nos médailles jusqu’au lundi matin à la rentrée de 8 heures.

A six ans, avec d’autres enfants de mon âge comme Norbert Castant, Mimilette Morin, Lulu Torres, Gilbert Feldis et bien d’autres, nous avons dû, avec regret et sanglots peut-être, changer de classe pour aller suivre les cours préparatoires et élémentaires chez M. Pietri, à l’école des garçons.

Ce furent des années d’initiation à la lecture, à l’écriture, au calcul, à l’orthographe, pas toujours faciles pour des néophytes.

Nous devenions un peu moins disciplinés, à tel point qu’un jour nous sommes rentrés en classe à 13 heures avec les poches pleines de sauterelles qui s’étaient abattues dans les vignes des environs, et que nous avions capturées à l’heure du déjeuner. Ce qui devait arriver, arriva, les sauterelles s’échappèrent de nos poches gonflées et envahirent la salle de classe, entraînant l’hilarité générale et le déplacement des enfants pour la capture des orthoptères… ce qui provoqua la colère de monsieur Pietri. Ce jour-là nous fûmes punis !

Un peu plus tard, dans les CM1 et CM2, chez monsieur Létard, les choses devinrent plus sérieuses et les efforts plus intenses en vue de l’obtention du certificat d’études. Nous étions, environ, une dizaine à postuler.

Alors, dictées, rédactions, problèmes, science, histoire, géographie, interrogations écrites défilaient. Mes camarades de cours étaient travailleurs et très assidus, ainsi Maxime Repelin et Armand Paralieu (ils étaient les plus forts dans la majorité des matières, Norbert Castant (gentil garçon, toujours souriant et… décontracté se défendait bien), Lulu Torres, Gilbert Dornier, Gilbert Béhing, Fernand Virion (élève intelligent, très consciencieux qui aimait particulièrement l’histoire et la géographie), Jules Roos (travailleur et sérieux). Peut-être ai-je oublié quelques noms… qu’ils veuillent bien m’excuser.

M. Létard, très bon instituteur chevronné, avait la particularité de former des élèves forts en mathématiques et en orthographe ; ceux-ci pointaient dans le haut du tableau de la classe pour ces deux matières, quand ils arrivaient en 6ème au collège ou au cours supérieur quand ils entraient dans les EPS (obtention du BEPS, BE, entrée à l’Ecole normale, pour la formation des maîtres, aujourd’hui professeurs des écoles.

De l’école des filles de Noisy, j’ai très peu de renseignements, mais un très bon ami, qui a vécu dans ce milieu, il s’agit de notre excellent camarade à tous, oui vous l’avez deviné, c’est Charles Cure qui a fait l’objet, dans le bulletin n° 8, d’un article intitulé « L’école de filles avait un garçon ».

Toutefois, pour moi, l’école des filles du village représente le souvenir de toutes ces élèves de madame Cure qui, certains matins, entonnaient les chants qui, traversant la rue mitoyenne, charmaient nos oreilles attentives et parfois attendries…

Ainsi, je crois avoir retenu la première phrase de celle qui commençait par : « Sur la mer mobile, les pêcheurs s’en vont… » Je ne me souviens plus de la suite… sans doute une chanson évocatrice des pêcheurs d’Islande ?

Ce que je sais, c’est que nous imaginions des « océans noirs » pour ces pauvres Terres-Neuvas, ballottés par les eaux glaciales d’Islande, de Terre-Neuve ou de Saint-Pierre et Miquelon… alors nous les plaignions !

L’autre chanson, celle de la bergeronnette, que je pense avoir retenue en partie, commençait ainsi :

« Inconstante bergeronnette

Pauvre petit oiseau des champs,

Qui voltige vive et coquette,

Et qui siffle de jolis chants,

Bergeronnette, toi si gentille,

Qui voltige autour du troupeau

Dans les prés sautille, sautille

Et mire-toi dans les ruisseaux… »

Ces paroles bucoliques, adoucissant les mœurs, nous nous félicitions alors du comportement de ce joli passereau qui, la veille, avait si prudemment et si élégamment évité et refusé le magnifique ver de terre que nous lui destinions comme appât du piège assassin que nous lui avions tendu. (Ah ! Ces sales gosses !

Merci les filles pour ce doux souvenir.

En terminant ces quelques lignes rétrospectives de vie scolaire, je voudrais, avec le respect qui leur est dû et l’amitié qui nous rassemble, adresser une pensée affectueuse à nos institutrices, instituteurs, aux personnes employées à l’école, et à nos camarades aujourd’hui disparus.

Gilbert Lardeaux

(Source : Bulletin de liaison des Enfants de La Stidia et Noisy, n° 14, mars 2002)



 

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