ANLB
Aïn Nouissy / Noisy-les-Bains
Toute l'histoire d'un village d'Algérie
UN SOUVENIR DE L’EGLISE DE NOISY
AU SANCTUAIRE DE NOTRE-DAME DE SANTA-CRUZ PRES DE NIMES
par Gérard et Maurice Langlois
Quarante années se sont passées et désormais un vestige de notre église rappelle le souvenir de nos familles dans ce sanctuaire de Nîmes où, tous les ans, est fêtée la vierge de Santa-Cruz qui domine toujours Oran.
GRACE A VOUS… BIENTOT
par Gérard Langlois
Lors de la création de Noisy en 1848, le génie militaire, qui présidait à l’installation des colons, avait prévu de construire l’église au milieu de la grande rue qui traversait le village dans le sens nord-sud, les véhicules se rendant à Mostaganem la contournant par la droite et ceux se dirigeant vers Perrégaux la contournant par la gauche ; aucun espace pour les piétons n’était prévu autour du bâtiment. Mais les crédits manquèrent pour la construction des édifices publics et ce furent des maisons destinées primitivement à des familles de colons qui en firent office.
Ainsi, provisoirement, l’administration installa-t-elle l’église dans une maison double située dans la partie est du village, sur les lots 40 et 41, auxquels on adjoignit le lot 39 sur lequel on planta des arbres formant une allée jusqu’au modeste bâtiment dont le pignon d’entrée était surmonté d’une petite potence en pierre supportant l’unique cloche.
En 1856, Noisy qui était jusqu’alors desservi par le curé de Rivoli, fut érigé en paroisse dédiée à l’Immaculée Conception dont le dogme venait d’être déclaré par le pape Pie IX en 1854.
Cependant le provisoire de 1848 dura jusqu’en 1930 où une église neuve fut construite par monsieur Aldeguer (entrepreneur de maçonnerie à Noisy) à l’emplacement de l’allée d’arbres, devant l’ancienne église que l’on ne tarda pas à démolir. La nouvelle construction, de par son grand clocher, ses dimensions, la décoration du chœur et de la nef, était sans commune mesure avec l’ancienne et, en quelque sorte, à l’image de la prospérité dont jouissait maintenant le village.
A la fin des années 50, sous l’impulsion du curé Vincent, l’église fut de nouveau agrandie et embellie par l’ajout de deux chapelles latérales dont celle de droite abrita une reconstitution de la grotte de Lourdes, et celle de gauche un autel et une piéta. Dans cette dernière chapelle furent également placées deux plaques de marbre : l’une portant les noms des enfants du village morts pour la France au cours des deux dernières guerres mondiales ; l’autre, beaucoup plus grande, les noms d’environ soixante-cinq familles du village.
En 1962-1963, le curé Vincent fit transporter cette dernière plaque en France* et l’utilisa comme table d’autel dans une chapelle dont il avait la charge dans la région de Montauban. Ainsi, à travers les noms gravés dans ce marbre, nos morts furent-ils honorés tous les dimanches pendant de nombreuses années.
Par Arlette Fodor Ancaert j’ai appris que les personnes détenant aujourd’hui cette plaque de marbre ne souhaitaient pas la conserver et la tenait à la disposition de qui la voudrait. J’ai donc contacté l’association du sanctuaire de Notre-Dame de Santa-Cruz à Nîmes, et obtenu un accord de principe pour l’installation de ce souvenir dans ce lieu de pèlerinage connu de tous. L’accord définitif sera donné dans les prochaines semaine.
[…]
Gérard Langlois
*Il transféra également l’harmonium et sans doute aussi la plaque de marbre plus petite où étaient gravés les noms des chrétiens morts pour la France.
(Source : Bulletin de liaison des Enfants de La Stidia et Noisy, n° 12, octobre 2001)
§§§
NOISY, SA PLAQUE A SANTA-CRUZ
par Maurice Langlois
La plaque de l’église de Noisy est maintenant scellée contre un mur de l’esplanade qui s’ouvre devant la chapelle, comme nous l’avions indiqué dans un précédent bulletin.
A la sortie de la messe, ce samedi 11 mai 2002, tous les Enfants de Noisy et La Stidia sont venus se recueillir devant la plaque après avoir écouté le bref rappel historique qui suit :
« Cette plaque a été réalisée à l’initiative de l’abbé Vincent dans le courant des années 1958-1960, alors qu’il avait entrepris quelques travaux de réaménagement et de rénovation dans l’église. Elle devait commémorer le souvenir des morts de Noisy*.
Comme vous avez pu le constater on y découvre soixante-cinq noms de famille.
L’abbé Vincent a quitté Noisy en 1963, emportant avec lui divers objets de décorations de l’église et cette plaque qui découvrait Saint-Jory (Haute-Garonne) pour arriver ensuite à Montauban où l’abbé Vincent est décédé dans les années 1980.
Tout récemment, Claude Ancaert (marié à Arlette Fodor), le neveu de l’abbé Vincent est intervenu pour nous signaler la possibilité de récupérer cette plaque.
Gérard Langlois avait proposé de la déplacer et de l’installer en utilisant des prestataires de service, son appel reçut peu d’échos.
Mais entre-temps Sylviane et Georges Wagner, appelés à se déplacer avec un véhicule approprié dans le Tarn-et-Garonne, ont eu la merveilleuse idée de transporter la plaque et sur leur lancée, la firent sceller dans cet endroit réservé par les responsables de Santa-Cruz.
On peut apprécier le parcours de cette plaque qui, malgré le temps et la distance est toujours intactes, elle prend un caractère symbolique en apparaissant comme un souvenir précieux de notre passé à Aïn Nouissy.
Voilà maintenant une raison supplémentaire pour venir au pèlerinage de Santa-Cruz et prier en pensant très fort à nos familles.
Remercions tous les acteurs de cette petite épopée, en commençant par l’abbé Vincent, puis Claude Ancaert, avec Gérard Langlois pour lancer le projet, et pour matérialiser l’affaire Sylviane et Georges Wagner.
Maurice Langlois
*Rectificatif : cette plaque fut gravée en 1930 lors de la construction de la nouvelle église, à l’initiative de l’abbé Verrière, alors curé de la paroisse. Les noms gravés sont ceux des familles bienfaitrices qui, par leurs dons ont permis l’érection de l’édifice. Ndlr
(Source : Bulletin de liaison des Enfants de La Stidia et Noisy, n° 15, juin 2002)
© Copyright 2016 G. LANGLOIS/site ANLB