ANLB
Aïn Nouissy / Noisy-les-Bains
Toute l'histoire d'un village d'Algérie
COMPOSITIONS FRANÇAISES
textes de Clarisse Langlois présentés par Maurice Langlois
Dans ma documentation, j’ai retrouvé d’anciennes copies des cahiers de classe de ma tante Clarisse Langlois qui, à douze ans, rédigeait d’excellentes rédactions qui recevaient en général l’appréciation « T. Bien ».
Avec « Le chien enragé » on se souviendra qu’au début du siècle ces dangers guettaient en permanence la population, et souvent, nous avons pu voir, à Mostaganem, «Blanco» le ramasseur de chiens errants, accompagné d’une voiture fourrière, tirée par un âne ; il disposait d’une longue pince permettant de maîtriser l’animal sans risquer de se faire mordre. Il lui arrivait d’opérer en pleine ville sous les regards des curieux qui applaudissaient quelquefois la capture difficile.
Maurice Langlois
LE CHIEN ENRAGE
par Clarisse Langlois
Mardi dernier, pendant que tout le monde était au travail, on entendit tout d’un coup crier : « Au chien enragé, au chien enragé ».
Un affreux chien venait d’arriver dans le village, il n’avait pas une haute taille, la maladie le rendait d’une maigreur effroyable, son poil roux et blanc était plein de boue, tout hérissé, sa queue était ramenée entre ses deux pattes de derrière, ses yeux étaient égarés, voilés, il ne reconnaissait rien, il mordait de tous côtés, sa gueule était pleine de bave blanchâtre, signe caractéristique de la rage.
En arrivant au village il a causé de grands dégâts, en un instant il a mordu plusieurs chiens et il allait se jeter sur un enfant lorsque monsieur Eugène Andraud arriva le fusil à la main. Une balle tua le malheureux animal.
Toutes les personnes qui s’étaient enfermées dans leurs maisons arrivèrent devant l’animal et félicitèrent le sauveteur d’avoir évité d’autres malheurs.
Le vétérinaire appelé en toute hâte ouvrit le ventre de l’animal, on y trouva du bois, de l’herbe qu’il avait mangés pour tromper son mal.
Lorsqu’on eut la certitude que l’animal était vraiment enragé, on abattit tous les chiens qui avaient été mordus. Quelques enfants pleurèrent leurs pauvres toutous, mais ce fut un sacrifice nécessaire.
Clarisse Langlois (février 1907)
LE PRINTEMPS ARRIVE
par Clarisse Langlois
Le printemps est en route. Il vient mettre un sourire sur les lèvres attristées. A la campagne on peut laisser la porte de la maison ouverte pour qu’un rayon de soleil pénètre et vienne caresser les membres du vieux grand-père. On ne l’entend plus souffler, le vent lugubre, dans la cheminée. Les violettes paraissent et embaument nos bois ; elles montrent leurs délicats boutons dans la mousse. Dans les bois, les arbres sont couverts de bourgeons. Les oiseaux voltigent et ne pensent pas à venir chercher asile sous le toit de la ferme, ni à ramasser les miettes tombées de la table. Les fossés sont embaumés par les violettes et autres mignonnes fleurettes, les massifs de genêts d’or se sont recouverts de leurs fleurs jaunes.
J’ai vu un écureuil timide sauter de branches en branches et aller se cacher dans le tronc d’un vieil arbre. Les oiseaux égaient la campagne par leur douce et joyeuse chanson dans les arbres ! cui ! cui ! cui ! Le rossignol, le premier chanteur de nos bois, entonne son hymne divin quand la lune est dans le ciel. L’hirondelle gazouille sous un toit hospitalier. Ils sont si contents de trouver des graines ou des vermisseaux pour la nourriture de leurs petits. Les oiseaux qui sont dans la volière voudraient prendre la clef des champs et faire comme leurs camarades ailés. Le coq salue avec plus de gaieté l’aurore des journées de printemps, les poules se disputent entre elles les vers et les chenilles. Les blés sont en herbe, on voit poindre leurs tiges tendres dans les champs.
Je te salue beau soleil du printemps ! Salut aimables violettes qui embaument si bien les bois et la maison ! Salut petits oiseaux qui êtes les chantres de nos bois ! Salut belles journées du printemps. Je vous salue aussi bourgeons timides, herbes fines, doux précurseur des joies de l’été !
« Monsieur Printemps, Monsieur Printemps, revenez-nous et pour longtemps. »
Clarisse Langlois (mars 1907)
(Sources : Bulletin des Enfants de La Stidia et Noisy, n° 22, mars 2004)
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