Histoire avant 1848
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ANLB
Aïn Nouissy / Noisy-les-Bains
Toute l'histoire d'un village d'Algérie


 

PAQUES 1964 à AIN-NOUISSY

par Aimé Vuillaume

A cette époque, j’étais marié depuis un an et je terminais mes études à Toulouse. Mon père n’avait pas encore quitté l’Algérie. Il habitait dans notre maison construite par ma tante, Irma Meilland, 1 rue des orangers. Cette dénomination de voie allait très bien : sur tout un côté, la rue était bordée d’orangers, tout en haut, les nôtres, puis ceux de Gaby Morin et ainsi de suite jusque chez Gilbert Pain tout en bas.

Mon fils Lionel venait de naître et je désirais que mon épouse connaisse le pays de mon enfance. La région était calme. C’est ainsi qu’aux vacances de Pâques 1964, nous avons pris l’avion à Blagnac. Nous avons débarqué à La Sénia. Il a fait frais pendant tout notre séjour. J’étais heureux de revenir aux sources.

Mon père n’était pas le seul au village. Nous avons eu l’occasion de nous réunir pour un caldéro chez les Morin, en face de la cave coopérative. Je ne me rappelle plus qui étaient les personnes présentes, mais nous étions nombreux. L’ambiance était chaleureuse et conviviale, sans morosité malgré la gravité de la situation. Je sentais qu’il fallait profiter d’un moment qui ne se renouvellerait jamais plus. Les jours des Français en Algérie étaient comptés.

Nous avons voyagé dans l’Oranais et le Mostaganémois et nous avons pris quelques photos. J’en ai sélectionné deux : une de Noisy prise de la côte de Mostaganem, en bas de chez M. Bernal, et l’autre de La Stidia prise depuis la côte de Noisy.

Elles ne sont pas d’excellente qualité certes, mais elles situent toutes les deux nos caves coopératives viticoles.

Mon père, Aimé, appelé le « grand Mimi » par rapport à moi le « petit Mimi », s’était très profondément investi dans la conception et la réalisation de cette cave. Il avait été aidé très efficacement par M. Roques de Mostaganem, un banquier à la retraite, je crois.

En 1955, d’après les documents retrouvés, les premières vendanges y furent apportées. Ce fut un tournant capital dans notre vie. La vente du raisin sur pied était peu rémunératrice. Dorénavant les calculs se faisaient en degrés-hecto. La motivation était plus grande pour soigner la qualité, tandis que le négoce du vin était globalement meilleur. L’amélioration du niveau de vie s’est vite fait ressentir. Malheureusement les « événements » avaient débuté à la Toussaint 1954 et les investissements dans la cave coopérative n’auront pas le temps d’être complètement amortis avant le départ définitif pour la France en 1964.

Mon père appréciait tout particulièrement la collaboration de Gilbert Behing, le chef caviste… Que de souvenirs !

La photo de La Stidia montre l’église et en face la route de la plage que nous empruntions si souvent à la saison.

Ma grand-mère, Madeleine Vuillaume, habitait en haut de la place de l’église à droite. Je m’y arrêtais fréquemment.

Aujourd’hui, tout cela paraît si loin, et pourtant il suffit d’une image pour faire renaître bien des souvenirs.

Aimé Vuillaume


 

(Source : Bulletin de liaison des Enfants de La Stidia et Noisy, n° 22, mars 2004)



 

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