Histoire avant 1848
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Aïn Nouissy / Noisy-les-Bains
Toute l'histoire d'un village d'Algérie



 

LES DEBUTS DE LA TELEVISION A NOISY-LES-BAINS

par Aimé Vuillaume

Dans la seconde moitié des années 1950, la télévision commençait à s’implanter en Oranie. Mon père rêvait de posséder cette nouvelle technologie qui ouvrait un autre regard sur le monde. C’était une incroyable nouveauté. Lors d’un de ses déplacements à Oran, à l’occasion de la foire, il fit la connaissance d’un vendeur qui, soucieux de développer son commerce, lui proposa de venir à Noisy-les-Bains pour installer, chez nous, un poste de télévision. Naturellement, ce sympathique jeune homme garantissait la bonne marche et assurait la maintenance. C’était, pour lui, un sacré « challenge » puisque quatre-vingts kilomètres le séparaient de notre village.

Mon père accepta le marché malgré les risques et, assez rapidement, le poste et l’antenne furent installés. Les premières images floues et instables ainsi que l’écran parfois neigeux ravissaient tout le monde. Il était possible de voir dans sa salle à manger des gens, des paysages, des décors et des émissions situés fort loin. Les programmes étaient succincts. Le journal télévisé nous rapprochait de ceux qui faisaient la politique et assuraient la marche du monde. Les premiers reportages effectués avec les moyens du bord et le dévouement de l’équipe de journalistes renseignaient rapidement le téléspectateur. Et puis il y avait les jeux, « La tête et les jambes », les reportages de « Cinq colonnes à la une » et bien d’autres choses.

Nombreux sont ceux qui, intrigués, sont venus se renseigner et se rendre compte de la qualité des images et des émissions.

Le jeune vendeur était très dynamique et n’hésitait pas à venir à la maison lorsque mon père lui signalait des anomalies. Il était toujours bien reçu avec un bon repas et du vin de la cave coopérative accompagnés des échanges savoureux et plein d’humour qu’il avait avec la maîtresse de céans. Heureux de l’accueil qui lui était réservé et de la réussite technique de sa vente était venu une fois avec deux journalistes qui ont fait leur chemin plus tard, à la télévision française : Jean-Pierre Elkkabach et Jacques poux.

Tous deux ont chaleureusement remercié mon père de les avoir si bien reçus.

Les arabes et, surtout, les petites mouquères qui venaient travailler à la maison ou qui passaient par là, brûlaient de voir cette machine hors du commun qui faisait apparaître sur son écran des personnes, des images avec du son, un peu comme au cinéma. Parmi elles, il en est une qui, passant par la cour, monta les marches de l’escalier de la cuisine ; la porte était ouverte et ce qu’elle découvrit la déçut profondément, au point de la faire s’exclamer en s’adressant à ma mère : « Adak l’tilivision ? »

En fait, ce qu’elle voyait, posé sur un plan de travail au fond de la cuisine, était un four éclairé à l’intérieur, dans lequel tournait un poulet qu’elle apercevait à travers la vitre. Nous avons bien ri de cette méprise et surtout de l’exclamation de l’expression de déception.

Aujourd’hui, lorsque je me rappelle cette histoire contée par ma mère, je songe à la douceur de vivre à Noisy-les-Bains.

Aimé Vuillaume

(Source : Bulletin de liaison des Enfants de La Stidia et Noisy, n° 41, décembre 2008)



 

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