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Image illustrative de l'article L'Expression (Algérie)

20 novembre 2013

DE QUELLE SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE PARLEZ-VOUS ? : L'ALGÉRIE IMPORTE TOUJOURS LA SEMENCE DE LA POMME DE TERRE.

Le prix actuel de la pomme de terre sur le marché local est de 45 dinars/kg.
Des quantités importantes sont donc exportées contre des petits euros livrant le consommateur algérien à la disette et la cherté du tubercule.

Une quantité de 3600 tonnes de semence de pomme de terre a été importée. Le premier navire, le Greene-Chile, battant pavillon bahamien, l'ayant transporté a accosté en ce début de semaine dans le port de Mostaganem. L'accostage de plusieurs autres navires provenant, notamment de la Hollande et du Danemark est attendu dans les prochains jours. Les bateaux en question sont tous chargés du même produit. «Est-il normal qu'on importe de la semence pour exporter ses fruits une fois mûris, pénalisant ainsi le marché national ou encore livrant le citoyen au diktat des spéculateurs?», a déploré un expert. Et puis, c'est toute la problématique des semences qui se pose en Algérie. Pouvons-nous parler de souveraineté nationale quand nous dépendons exclusivement des semences étrangères pour notre nourriture? Pourquoi 50 ans après l'indépendance nous n'arrivons pas à régler cette question hautement stratégique? C'est l'un des premiers problèmes auquel s'est attaqué le défunt Hugo Chavez durant son règne pour donner une totale indépendance alimentaire à son pays, le Venezuela. En Algérie, la structure censée produire des semences est l'une des plus mal loties au niveau du département de l'agriculture. La production des semences est, elle aussi, problématique dans un pays qui s'attelle à fabriquer des drones? Cela étant, combien de nos responsables se sont-ils vantés d'une surproduction de ce tubercule? Ils crient même haut et fort que l'Algérie exporte de la pomme de terre vers l'Europe. En effet, pas moins de 3 848 quintaux de pomme de terre ont été exportés au milieu du mois de juin dernier vers la France et l'Espagne et ce, à partir de Mascara, a-t-on appris des sources proches de la Chambre de commerce et d'industrie de Béni Chougrane de la wilaya. Ainsi, rien qu'un seul producteur local a pu exporter en deux phases 3680 quintaux de pomme de terre vers Perpignan (France) et 168 quintaux vers Valence (Espagne). Le producteur algérien est souvent en quête d'importateurs étrangers dont ceux de Madrid, pour l'exportation de quantités importantes de pomme de terre algérienne. Ce n'est pas tout. Selon des sources fiables, des opérateurs économiques d'Allemagne auraient même exprimé leur désir d'importer des quantités de pomme de terre produite à Mascara. Des quantités importantes sont donc exportées contre quelques euros, livrant le consommateur algérien à la disette. Les explications souvent vaniteuses ne manquent pas.
«Ces quantités exportées ont réduit la tension des agriculteurs née du fait que des chambres de froid et de stockage de pomme de terre conservent toujours des quantités de la production d'hiver, ne leur permettant pas de trouver des espaces pour stocker la pomme de terre de saison, dont la récolte a été lancée en début juin». Or, le prix actuel de la pomme de terre sur le marché local est de 45 dinars/kg. La wilaya de Mascara, qui figure parmi les plus grandes productrices du tubercule, compte cinq exportateurs de produits agricoles et industriels vers l'Afrique et l'Europe. Au milieu de cette année, la surproduction de la pomme de terre enregistrée lors de l'arrière-saison écoulée dans la wilaya de Aïn Defla a permis au système de régulation des produ
its agricoles à large consommation (Syrpalac) mis en place par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural en 2008, de fonctionner convenablement. Le prix du tubercule a alors été stabilisé entre 20 et 25 DA/kg sur l'ensemble des marchés de détail, aussi bien ceux situés dans le territoire de la wilaya que dans d'autres régions du pays. Mieux, les importantes quantités stockées au niveau des chambres froides de différents opérateurs de cette wilaya se sont avérées très supérieures à la demande du marché, d'autant plus que la récolte de la saison est arrivée à temps dans le marché. Dans ce cas de figure, cette surproduction qui ne peut donc être absorbée par le marché intérieur, a amené les opérateurs à penser à l'exportation. Une quantité infime de 250 quintaux, emballée dans des filets de 20 kg a été effectuée. Les maraîchers de la wilaya de Aïn Defla ont été convaincus qu'ils finiront un jour par exporter leurs productions, étant donné que ce tubercule constitue plus de 30% de la production nationale. Aussi, plus de 12.000 ha réservés à la culture de la pomme de terre sont consacrés à la consommation et la semence. Malgré tous ces chiffres, que l'on croit satisfaisants, une quantité de 3600 tonnes de semence de pomme de terre est donc importée. Durant la dernière campagne d'importation du tubercule (2012/2013), 120.000 tonnes ont transité par le port de Mostaganem, soit 85% des importations nationales.
L'opération de plantation devra débuter dans les régions de Bouguirat, Sirat, Hassi Mamèche, Stidia, et Aïn Nouissy, dans les prochains jours et s'étalera jusqu'au début du mois de janvier. La récolte est prévue pour la fin du mois d'avril 2014. Les agriculteurs sont plus qu'optimistes quant à réaliser une bonne récolte, notamment avec les 40 millimètres de pluie enregistrés à
Mostaganem depuis la fin de la semaine dernière.

Wahib Aït Ouakmi

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