Histoire avant 1848
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10 novembre 2011

FORNAKA, d'UNE HIBERNATION À L'AUTRE.

Fornaka, d'un fort romain au centre de colonisation.
Etymologiquement aucun nom berbère ou arabe ne correspond au nom de cette commune ; des recherches effectuées par les colons laissent entendre que le nom dérive du latin fornax aqua, qui signifie le four du marais. Ce nom a été attribué au village pour l'existence d'un marais qui est asséché à présent et est toujours situé en plein centre du douar de Kedadra, entouré par les eucalyptus, et un four dont il ne reste aucune trace, situé plus loin au nord du douar aux alentours de l'actuelle carrière du tuf d'où était extraite de la terre blanche pour le façonnage d'ustensiles de cuisine, cuits au sein de ce four anéanti. Selon toujours cette étude, des vestiges romains dont un fort d'une expédition militaire, ont existé à l'époque autour du marais, et même des ossements étaient mis à jour par les colons qui récupéraient de ce gisement là de la terre blanche pour fertiliser les sols agricoles. En date du 08/01/1889, le centre de colonisation a été créé et déclaré d'utilité publique, au lieu dit « FORNAKA », commune mixte de l'Hillil, arrondissement de Mostaganem, département d'Oran. Le périmètre était constitué d'une superficie de 2252 hectares revenant de l'expropriation des terres des douars composés de tribus arabes de Kedadra, Hamamda, Ayache, Ahmaidia, Rouabhia et Aitia el bordj. Fornaka fut érigée en commune de plein droit en 1924, elle perd ce statut à l'indépendance où elle fut rattachée à la commune de Stidia, elle ne regagna son rang communal que vers l'année 1985 où elle obtient son premier conseil municipal, issu des localités de la commune. Aujourd'hui, avec ses 17.000 âmes et ses 07 douars et ses 02 nouvelles rurales, Fornaka fait encore à une hibernation qui la distingue depuis son ascension au statut de commune à part entière.

La jachère envahit les terres agricoles.
Autrefois, d'une forte vocation agricole, Fornaka a perdu cette distinction depuis si longtemps, ses vergers d'orangers dépérissent au fil des ans par le manque d'eau et l'absence de rajeunissement des plants, son vignoble a cédé la place à la jachère et la nudité des sols dont certains demeurent loués à l'année par les nomades qui séjournent des mois à travers la commune et utilisent les parcelles de terre à des fins de pâturages. Les rares fellahs qui continuent d'exercer le métier, le font de père en fils et tiennent difficilement en face de la cherté des semences et des engrais, comme M.Y.Y, un fellah par « héritage », âgé de 70 ans, ménage bon an et mal an ses vergers de grenadiers, de pommiers et d'orangers et tient à les sauvegarder coûte que coûte en face du retour des maladies parasitaires et du prix si excessif des produits phytosanitaires. Le maraîchage occupe encore quelques dizaines d'hectares, et la tomate vient de conquérir quelques autres hectares abondonnés depuis des années ; la jachère finira t-elle à offrir à la commune sa vocation d'antan avec la venue des « Chelfawas », décidés à faire pousser la tomate partout et le long de l'année… !

L'habitat, un abri pour les uns, et un commerce pour les autres.
Malgré l'insuffisance des quotas attribués, les logements tous types confondus, dont 182 logements sociaux bâtis depuis les années 90 à ce jour, quelques uns ont été déjà distribués, d'autres attendent de l'être, 70 logements socio participatifs et des centaines de logements ruraux ne semblent point se destiner pour abriter les familles nécessiteuses, beaucoup de ces logements ont été détournés vers des buts commerciaux, surtout les logements ruraux. Sans surprise, là c'est encore et toujours le récurrent problème de qui a pu bénéficier réellement de ses logements destinés théoriquement à ceux qui en ont le plus urgemment besoin, qui occupe les devants d'une actualité locale qui n'a pas été tendre avec la commission ayant effectué une telle distribution qui semble répondre en tous points aux critères établis. La vox populi laisse entendre que ces logements sont allés dans une bonne proportion aux veuves et aux divorcées, au lieu de viser en premier les plus prioritaires parmi les familles biparentales mal logées, et les jeunes couples en situation précaire. Cette conception de la priorité au logement social, qui selon les déclarations d'un agent de la daïra, a été établie pour des commissions qui ont travaillé d'arrache pied et conformément aux textes qui régissent ce type de logement, n'a pu d'ailleurs pas été sans conséquences néfastes sur la quiétude des habitants et la morale collective. Tout récemment, une affaire de mœurs légères, a éclaté dans l'un de ces logements et a défrayé la chronique de tout le village des semaines durant et a alimenté les faits divers de la presse écrite régionale. Par ailleurs, il y est même signalé des cas et des intentions de vente et de mise en location parmi certains bénéficiaires de ces logements. Soit une preuve de plus que le logement social dans la commune peine encore à trouver son chemin naturel vers ses destinataires réels, les vrais nécessiteux, et il a fini par devenir un créneau porteur pour qui cherche à s'enrichir facilement sur le dos de ces concitoyens et des programmes étatiques du logement social. Le logement rural n'a pu connaître un meilleur sort, il a perdu de son originalité, il tend à être un nouveau commerce qui rapporte gros selon certains bénéficiaires qui n'ont pas trop attendu pour le revendre au noir au plus offrant,alors que d'autres postulants à ce type de logement commencent à perdre espoir dans ce programme présidentiel destiné à venir en aide au plus nécessiteux en matière de logement et à fixer sur place la population rurale. Les logements qu'ils attendent depuis plus d'une année, n'ont toujours pas vu le jour, faute de disponibilité de terrain constructible leur dit-on. Dans le même temps, une vaste opération de vente et de revente touche les logements ruraux réalisés lors des précédents programmes, comme en attestent les numéros de téléphone écrits à la peinture sur les façades des logements vides, la plus part jamais habités. Contacté sur son portable, l'un de ces heureux vendeurs de logements financés par l'Etat ne demande pas moins de 1 300 000.00 DA pour un logement pour lequel il n'a pas déboursé le moindre petit centime. Voilà un programme ambitieux détourné de sa noble vocation et transformé en une source d'enrichissement facile et illicite au détriment des nécessiteux et des finances publiques. Le plus curieux c'est que les autorités locales ne semblent guère se rendre compte de ce phénomène de détournement et surtout d'une situation paradoxale, où des citoyens relativement aisés et venus de divers horizons se logent ou deviennent propriétaires d'un logement rural dans la commune selon une pratique illégale et au détriment de la population nécessiteuse locale et de la demande locale en logements en général. L'exemple le plus hallucinant à ce propos est donné par ce citoyen qui, nous dit-on, habite à l'Est du pays et a acheté un de ces logements ruraux pour les besoins de ses ….vacances d'été. « Réflexion » reviendra sur ce sujet, par la publication d'une enquête sur cette pratique si lucrative qui touche à cette forme de logement.

Une cave vinicole plus « dérangeante » que les tonnes de canettes vides… !
Pour ce qui est de la cave vinicole du village, le déclin du vignoble dans la région a fait qu'elle reste la seule cave en activité actuellement, sur les X caves que compte le village. Mais bien qu'elle ne fonctionne que seulement un mois ou deux dans l'année, les riverains espèrent sa fermeture définitive. La principale raison évoquée est l'odeur du « vin » qui les indisposerait pendant la courte période d'activité de la cave. Les soucis relatifs à l'alcool et ses odeurs s'arrêtent toutefois là et restent restreints à la seule cave qui, au demeurant, active en toute légalité. Le désolant spectacle des cannettes et bouteilles de bière vides qui jonchent le territoire de la commune et les bords des routes n'est ainsi évoqué par personne et ne semble guère préoccuper, ni la population, ni les autorités locales. Dans ce cadre, un citoyen nous apprend qu'un dépositaire clandestin de boissons alcoolisées a été récemment arrêté et écroué. Et contre toute attente, cette arrestation n'a pas été sur la base d'une plainte déposée par la population riveraine du dépôt illégal servant sa clientèle au grand jour, mais c'était au hasard d'un barrage routier que le concerné a été appréhendé avec une respectable cargaison de vin et de bière dans la malle de sa voiture.

Une salle de soins, refuge pour les pigeons et les rats de campagne.
Finalement, la couverture sanitaire à travers le territoire de la commune ne semble pas satisfaire toute la population malgré la disponibilité de 04 salles de soins et un centre de santé au chef-lieu. Certaines zones rurales disposent de salles de soins, mais elles demeurent fermées depuis si longtemps malgré la disponibilité d'équipements et de commodités de fonctionnement (eau et électricité), comme celle de la localité de Ayacha regroupant plusieurs hameaux (Amamra, Kaoubaa, El khwazin, El H'chem, et la cité rurale de Ouled Senouci), comptant plus d'un demi millier de personnes. Construite en 2005 et réceptionnée une année après, elle fut fermée juste après le passage du wali de l'époque pour servir après de refuge pour les pigeons et les rats de campagne. Les citoyens sollicitent la transformation de l'immense centre de santé à un niveau en polyclinique, le lieu s'y prête facilement, il ne nécessite que de simples réaménagements pour sa mutation en cette structure tant attendue.

Le transport public.
L'insurmontable handicap de déplacement Distante de 28 kilomètres du chef-lieu de la wilaya, Fornaka demeure une commune isolée de par l'absence de moyens de transport la rattachant surtout à la ville de Mostaganem. Le déplacement quotidien de centaines de gens, surtout les employés et les étudiants qui fréquentent les différentes facultés de l'université « Abdelhamid ibn Badis » se trouvent confrontés à la rareté de bus ou de taxis pouvant les relier au lieu d'exercice ou d'études, ils sont souvent en retard ou se voient obligés de rater les cours de l'après midi pour pouvoir prendre le dernier bus en partance vers le lieu de résidence. L'indisponibilité de moyens de transport public de bon matin et surtout le soir se pose avec acuité pour ses usagers qui se sentent si lésés de ne pas pouvoir bénéficier d'un tel avantage,comme tous les citoyens des communes voisines (Ain Nouissy et Stidia),ils interpellent la direction des transports qui doit veiller et surtout imposer aux transporteurs desservant cette commune de ne point déserter les lignes accordées en respectant surtout les horaires,le dernier bus allant vers Fornaka quitte la gare à 16 heures de l'après-midi,beaucoup de citoyens de la commune ne quittent le travail ou le banc d'étude qu'à 17 heures et se retrouvent souvent de se rabattre sur le transport « clandestin » si coûteux.. !

Une eau salée plus qu'insuffisante.
L'eau de Fornaka se caractérise par un goût si salé qu'aucun citoyen ne le consomme depuis longtemps, son taux de salinité s'accentue d'année en année, elle reste uniquement destinée à l'usage des travaux ménagers. La multiplication des vendeurs de l'eau douce est venue répondre aux attentes des citoyens fatigués d'aller la chercher au sein des communes voisines (El Haciane et Hassi Mameche) et surtout mettre fin à l'attente vaine de l'adduction sur le fameux projet du M.A.O (
Mostaganem- Arzew- Oran) dont presque toutes les communes voisines en ont bénéficié sauf Fornaka qui doit encore attendre son tour qui semble tarder a venir. Les deux forages d'eau ne peuvent combler le déficit pressenti en eau à travers les localités de la commune, celui de Kedadra qui alimente le château d'eau d'une capacité d'un million de mètres cubes de la zone industrielle qui dessert 07 douars, ne parvient plus à offrir une ration quotidienne d'eau à chacun des douars ciblés. L'eau reste une denrée rare et précieuse à travers le territoire communal de Fornaka malgré sa haute salinité.

Kedadra, un douar soucieux de ses morts que de ses vivants.
Depuis sa création, c'est-à-dire depuis la lointaine époque coloniale, le douar de Kedadra patauge dans la boue et les eaux pluviales pendant l'hiver, et se couvre par de grosses poussières pendant l'été. A présent, aucun projet relatif au bitumage des rues et l'évacuation des eaux pluviales ne sont pas à l'horizon.
Dans ce domaine précisément, ce sont paradoxalement « les choses de la mort » qui semblent prendre le pas sur les urgences de la vie courante et le bien être des citoyens, et préoccuper au plus haut point, les citoyens et les autorités de la commune. Le souci principal est ainsi devenu l'impératif confort à assurer aux morts sur leur chemin vers leur dernière demeure.
C'est en tout cas l'impression qui se dégage nettement du grand soin apporté à la route qui mène au cimetière, distant de Y km du douar. Cette route vient de bénéficier de son second bitumage en seulement quelques années. Pour le gaz de ville, la pose souterraine des conduites a été réalisée depuis relativement très longtemps, mais la population attend toujours de bénéficier de ce service et faire ses adieux définitifs aux désagréments de la bouteille de butane.

Les locaux commerciaux, encore une affaire juteuse.
Pour le moment, seuls quelques locaux ont été attribués et activent tant bien que mal, mais certains sont passés par la sous location carrément interdite par la loi en vigueur, et font la joie de leurs bénéficiaires qui viennent de s'assurer une rente mensuelle sans trop de peine.
Et à en croire un « bénéficiaire » abordé dans « son local », les locaux attribués ne sont pas allés forcément à la population des jeunes chômeurs de la commune ciblée par le programme du Président de la République. Ce jeune raconte ainsi qu'il exploite le local à sa disposition dans le cadre d'un contrat de location avec le vrai bénéficiaire du local.
Quant au reste des locaux, ils sont fermés et pratiquement à l'abandon, certains ont même leurs rideaux défoncés. Dans les escaliers qui mènent au premier étage, non occupé, l'odeur de la pisse humaine accueille de loin le visiteur des lieux. C'est dire que l'endroit, vu la discrétion qu'il offre, est devenu un espace idéal pour tout passant qui veut soulager tranquillement sa vessie. Bien mieux, les cannettes et bouteilles de bière et de vin vides qui s'amoncèlent dans les cages d'escalier prouvent que l'endroit s'est même transformé en un refuge de beuverie pour délinquants, mis à disposition par….l'Etat.

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