Histoire avant 1848
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Centenaire 1914-1918

Le soir d'Algérie journal soir algérien

24 janvier 2007

LES DÉBOIRES D'UN INVESTISSEUR ALGÉRIEN.

Il a vécu en Allemagne durant une trentaine d’années et y a dû mener une vie sereine, socialement parlant. M. Baghdad Moulessouiga fait partie de ces Algériens, qui depuis longtemps déjà, songent contre vents et marées à investir dans leur propre pays, l’Algérie.
En effet, cela fait treize années qu’il se voit confronté à toutes sortes de problèmes imaginables susceptibles freiner son ardeur de vouloir ajouter une quelconque pierre à l’édifice économique de son pays d’origine. C’est sur un coup de tête qu’il décidera de rentrer au pays en 1991. Séduit par tant de discours, il s’attellera alors à injecter toutes ses économies dans un important projet d’investissement à même d’être réalisé quelque part à Mostaganem, sa région natale. En 1992, il déposera alors un premier dossier inhérent à la concrétisation d’un centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle inscrit dans un domaine spécifique qui est le thermalisme. De là, commenceront l’aventure et les déboires de M. Moulessouiga. Il exprimera la demande de réaménager et restaurer le vieux et délabré bain d’une ancienne petite station thermale à Aïn-Nouissy à une quinzaine de bornes de Mostaganem. Ce dernier, essuiera un refus implacable. Du côté de la commune de Aïn-Boudinar, il sera découvert un endroit qui aurait pu être idéal pour un tel projet. Là également, les choses étaient loin d’être simples et d’autres entraves viendront alors bloquer la procédure en question. Au bout de ses forces, il finira par céder dix-huit mois plus tard après avoir sérieusement entamé son énergie et ses économies. Fin 1993, il lui sera attribué un espace qu'il fallait foncièrement aménager et partant, réhabiliter. Un acte notarial sera enfin établi et un centre de rééducation verra le jour dans une zone à promouvoir. Cela remonte aux années sanglantes de la tragédie nationale vers la fin 1994. Entre 1995 et 96, les survivants du macabre attentat de Sidi-Ali dans la wilaya de Mostaganem qui, à l’époque, avait fait plusieurs victimes dans les rangs des jeunes scouts, bénéficieront deux années durant de soins et séances de rééducation gratuits décidés par ce même promoteur. Malgré l’existence d’un acte dûment établi, M. Moulessouiga se verra expulsé de son propre bien deux ans plus tard et ce, en l’espace de 48 heures, pour des raisons obscures. Plus tard, l’administration concernée lui attribuera un autre terrain d’une superficie de 1189 m2 avec à la clé, avis favorable, droits et taxes honorés mais... sans que le bénéficiaire luimême soit jamais informé de quoi que ce soit. L’infortuné investisseur sera aussitôt après mis en demeure avec par la suite une lettre de déchéance, adressée à celui qui n’aura jamais pu jouir d’une telle attribution... Devant un tel état de fait, il fera alors ses valises et se verra obligé de repartir avec ses enfants de l’autre côté de la Méditerranée, après avoir déboursé inutilement la bagatelle de douze millions de dinars. Entre-temps, un dossier sera mis par ses soins à la justice et à ce jour, il en est au quatrième pourvoi en cassation en sa faveur mais aucune action palpable n’a pu être enclenchée. Dépité, il décidera en 1998 d’aller s’installer en France en famille et c’est à Paris qu’il réussira à interpeller le président de la République algérienne lors de sa première visite dans l’Hexagone. Finalement, on lui trouvera une nouvelle assiette de terrain avec l’attribution du fameux droit de concession. Cependant, l’accès sur les lieux en question s’avérait impossible eu égard aux tonnes de remblais déversés sur place auparavant par les engins et camions de deux entreprises de travaux publics. Un terrain qui devait faire l’objet d’un important projet de réalisation d’un centre de thalassothérapie. Un autre combat qui aura duré au moins deux autres années, mais en vain. Lenteurs, blocages et entraves finiront par décourager le partenaire direct de cet investisseur algérien, à savoir un groupe franco-allemand qui devait s’impliquer dans la réalisation de ce projet dans les domaines aquatique et hôtelier. Les partenaires européens laisseront tomber le projet après une année d’attente. Le montage du dossier, à lui seul, aura coûté la bagatelle de pas moins de... 427 000 FF. Enième déception et énième retour à l’étranger en 2000... Moulessouiga n’abdiquera pas pour autant et engagé qu’il était dans cette véritable bataille, il sera de nouveau confronté à de sempiternels problèmes vers la fin de cette même année. On le fera également courir pour l’acquisition d’un ancien dépôt avec à la clé toutes sortes de contraintes administratives notamment. En six années de calvaire, il aura ainsi fini par tout débourser et ce, au moment où il n’aura guère eu droit au crédit tant souhaité. Entre une autorisation de démolition, un permis de construire et un acte d’aménagement, il aura eu le temps de voir de toutes les couleurs. Déjà, sur le site d’Ouréah-Plage, un autre promoteur aurait envisagé ce que M. Moulessouiga avait déjà projeté auparavant, en l’occurrence ce fameux centre de thalasso qui, à la faveur d’une bureaucratie outrageante, n’aura jamais vu le jour jusque-là... Fatigué par la vie et un destin qui continue de lui tourner le dos, ce dernier a fini par tout perdre y compris sa famille, son argent et la stabilité de son foyer. Actuellement en instance de divorce, l’infortuné M. Baghdad a également perdu une douzaine d’années de cotisation à la Caisse de retraite, obnubilé qu’il est par un possible investissement dans son pays. Il attend beaucoup des décideurs et responsables algériens et par conséquent ne veut en aucun cas céder devant un état de fait qu’il considère des plus déplorables. Son défi à lui, il veut le relever coûte que coûte, vaille que vaille …

Sid-Ahmed Hadjar

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