Histoire avant 1848
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Le 16/04/2008

ALGERIENNE DES EAUX : TRANSITION AUX FORCEPS DE l’EGEMO.

L’un des premiers écueils que se devait de franchir le nouveau patron était celui de l’adéquation de l’organigramme en place avec celui en vigueur au niveau de l’ADE. Ce qui semblait couler de source s’avèrera être une véritable souricière.

A l’ex-EGEMO, le passage sous la tutelle de l’Algérienne des eaux (ADE) que tous le monde appréhendait ne s’est pas effectué sans douleur. Alors que cette transition était programmée depuis plusieurs années, parce que devenue quasiment inéluctable, les responsables de l’entreprise, pour des raisons probablement de timing, auront laissé traîner le dossier jusqu’à l’ultime instant. Ce traitement de faveur, dont aura bénéficié l’ex-Egemo, ne l’aura pas aidé à préparer l’inéluctable passage à une forme de gestion plus rigoureuse, plus performante et surtout moins sociale. C’est apparemment le départ à la retraite de l’ancien manager qui aura accéléré l’intégration à l’ADE. Effective dès le mois d’octobre 2007, cette intégration n’allait être réellement concrétisée qu’avec la nomination par l’ADE d’un nouveau DG. Nommé au poste seulement en janvier 2008, ce dernier prendra ses fonctions dans une ambiance fébrile. Rapidement, il fera un état des lieux qui s’avèrera très complexe. Il se rendra vite à l’évidence que ni le personnel, ni l’encadrement, ni les moyens techniques n’étaient à la hauteur de l’ambition de l’entreprise. Avec un plan de charge ambitieux, celui d’offrir à toute la population de la wilaya une eau de qualité et un service de proximité. L’un des premiers écueils que se devait de franchir le nouveau patron était celui de l’adéquation de l’organigramme en place avec celui en vigueur au niveau de l’ADE. Ce qui semblait couler de source s’avèrera être une véritable souricière. En effet, les situations héritées de l’ancienne entité n’allaient pas rester figées mais devaient évoluer dans le sens de l’intérêt bien compris de l’entreprise. Premières surprises, les rares cadres que l’Egemo avait recrutés étaient classés parfois à des postes bien en dessous de ce que prévoyait leurs diplômes. Certains cadres chevronnés se trouvaient classés à la catégorie 12 au lieu de la 15, plus en harmonie avec les critères de référence. A l’opposé, des employés auraient bénéficié de promotion que ne justifiaient ni leurs diplômes, ni leur niveaux de maîtrise des tâches qu’ils étaient censés assumer. L’organigramme dévoyé L’application du nouvel organigramme allait inévitablement provoquer quelques satisfactions, mais également beaucoup de mécontentements. Ceux, nombreux qui allaient enfin retrouver un poste et une rémunération en adéquation avec leur niveau de compétences, se mettront très rapidement au travail. Les autres s’engageront à manœuvrer pour garder leurs privilèges. Commencera alors un véritable bras de fer entre la nouvelle direction et la section syndicale. Des informations relatives à la gestion courante de l’entreprise, d’autres relevant de la comptabilité ou des finances seront minutieusement distillées à travers des journaux. Alors qu’il s’engageait dans un véritable challenge afin de redonner du tonus à une entreprise moribonde, le nouveau directeur se trouvera confronté à une réelle entreprise de déstabilisation. Ce qui l’incitera à prendre des initiatives en entrant en conflit direct avec un groupe de correspondants de presse et en procédant à la mise à l’écart de quelques employés, soupçonnés d’être à l’origine des fuites ayant alimenté plusieurs articles. Entre-temps, la mise en place du nouvel organigramme sera concrétisée par le recrutement de pas moins de 72 employés, dont 25 cadres. Ceci en l’espace de quelques semaines. Ce qui ne manquera pas d’attiser les convoitises et de raviver les ambitions de quelques responsables et élus locaux qui tenteront naturellement de placer quelques proches. Redéploiement Comportement compréhensible au vu de l’insoutenable aridité du front de l’emploi dans la wilaya et par extrapolation, dans tous le pays. A ce titre, le directeur de l’ADE a cru bon de s’assurer le concours de l’agence nationale de l’emploi, organisme habilité à accompagner la réduction, à défaut de l’éradication, du chômage. Bien sûr que parmi les personnes citées, apparaissent des noms de responsables locaux ou leur progéniture. Mais ce recrutement que l’on peut qualifier de massif, face à la grisaille ambiante, aura eu quelques répercussions sur les performances de l’ADE, qui, en l’espace de quelques mois, sera parvenue à réduire ses créances de 100 milliards à 60 milliards. Cette performance n’aura sans doute pas été possible avec le peu de personnel et l’indigence des équipements et des moyens. Dans la foulée, le parc roulant sera renforcé par l’achat de 12 véhicules utilitaires, dont 10 payés sur fonds propres. Alors que l’Egemo ne possédait que quelques ordinateurs ayant une configuration totalement dépassée, l’on procèdera à l’achat de pas moins de 16 nouvelles machines et de leur affectation à travers l’ensemble des services. Le service commercial qui peinait à gérer la clientèle, sera rapidement renforcé en personnel et en équipements. Au chef-lieu de wilaya qui compte l’essentiel de la clientèle, l’unique caisse située au centre-ville sera renforcée par l’ouverture de deux autres agences commerciales, l’une au niveau de Tigditt et l’autre à la cité des 300 logements. En projet, figure l’ouverture d’autres guichets caisses à Salamandre, Stidia, Aïn Nouissy et à Mesra. Les nombreuses et incommodantes fuites qui saignent l’entreprise et importunent la population font l’objet d’une prise en charge d’envergure. S’agissant majoritairement de fuites dues à des malfaçons dans les branchements, que l’on explique par l’usage de matériaux inappropriés, c’est avec le concours de la DRH que 2 700 branchements seront rapidement repris. Réalisée en 1985, cette opération avait concerné pas moins de 15 000 abonnés de la ville de Mostaganem. Une enveloppe de 2,5 milliards de Cts aurait été allouée afin de faire parvenir de l’eau à raison de 8 h/j pour l’ensemble des abonnés de Mostaganem, qui reçoivent actuellement 17 000 m3/jour, dont une partie continue de se perdre dans la nature. Pour l’ensemble de la wilaya, le volume distribué s’élève à 45 000 m3/jour. Sur les 32 communes de la wilaya, elles sont désormais 29 à être directement alimentées par l’ADE. Les autres bénéficient d’un forfait qu’elles tentent d’utiliser avec plus ou moins de bonheur au profit de la population. Ces efforts que la clientèle est en mesure d’apprécier, ne sont pas encore du goût d’un groupe d’ouvriers qui aura vainement tenté d’entraîner l’ADE et ses 352 employés vers l’impasse. Cependant, ils ne seront qu’une vingtaine à suivre le débrayage qui n’aura en rien entamé le rendement de ceux qui adhèrent sans réserve au nouveau plan de gestion. Toutefois, les tentatives de déstabilisation en cours ne peuvent s’expliquer par le malaise de quelques employés déclassés ou mutés. Tout indique que des forces occultes tentent de mettre la main sur une entreprise florissante, de surcroît, appelée à se développer davantage avec l’entrée en service de la station de dessalement actuellement en construction sur la berge du Chéliff.

Yacine Alim

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