Histoire avant 1848
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Vie des Communautés
Centenaire 1914-1918

Vendredi 28 Octobre 2011

HASSI MAMECHE, UNE COMMUNE FACE AUX DÉFIS.

Hassi mamèche, reste cette ville qui cherche une voie pour faire face aux défis qui la cernent de partout et parvenir à offrir à ses citoyens un cadre de vie digne d’elle, malheureusement le nerf de la guerre lui manque et l’oblige à parer au nécessaire en attendant mieux !

De Hassi Mameche à Rivoli
L’idée de la fondation du village colonial au lieu dit Hassi Maméche remonte à l’année 1846, elle revient au général français Lamoricière, qui était chargé à l’époque d’établir le triangle de la colonisation représentant les meilleures terres du territoire de la province d’Oran qui regroupait les trois villes de Mascara, Mostaganem et Oran. Répondant aux critères de la ceinture des villages créés pour les besoins de la colonisation, aux alentours des villes, le bourg fut ainsi choisi pour l’existence d’une forte nappe d’eau, déjà localisée, la fertilité de ses sols et surtout sa situation géographique. La localité s’appelait Hassi Mamèche pour la présence d’un puits collectif qui alimentait presque toute la région en eau, les Medjahers habitant les douars de Mesra, Bouguirat, Sirat et Ain Sidi Chérif et les bordjis des localités de Ain Nouissy, de Beni Yahi, et d’El Haciane venaient à dos d’ânes et de mulets y puisaient ce précieux liquide du fond de ce puits dont l’eau était si douce et bonne ; ce point d’eau était le bien d’une grande personne de bonne moralité ,connue pour ses bonnes œuvres, se nommant Mamèche, issue de la tribu des « Dradeb » . Ce puits existe toujours et est toujours situé au sein d’une maison du chef-lieu, appartenant à la famille Bekkadour. En 1848, l’acte de naissance du village fut signé et le nom de Hassi Mamèche disparaît avec pour prendre le nom de Rivoli, celui d’un officier de l’armée coloniale, le village était sous le régime militaire depuis l’année 1838, la venue de 47 familles françaises de Bosquet, lui rendit son régime civil avec l’institution d’un premier conseil municipal qui lui a offert le statut de commune à part entière dés l’année 1849, ayant pour nom Rivoli. A l’indépendance, la commune regagna son nom d’origine, celui du creuseur de son fameux puits, elle s’appela désormais de nouveau Hassi Mamèche.

Un exode rural croissant au fil des ans… !
La commune de Hassi Mamèche demeure à ce jour, la ville qui a souffert et souffre encore d’un exode rural des plus spectaculaires et qui reste difficilement maîtrisable, de par son flux migratoire connu au cours de la décennie noire, qui a vu des familles entières des douars de la wilaya et de ceux des wilayas limitrophes, fuyant les affres du terrorisme, venir s’installer au
bord de la ville. Plus de 10.000 personnes se sont établies au sein de la commune durant les vingt dernières années (1990-2010), beaucoup de citoyens ont fui les campagnes soumises au diktat des hordes sauvages qui régnaient en maître des lieux et semaient la terreur au sein de la population rurale sans défense. Ce phénomène a permis la naissance de nouvelles cités « ghettos », qui sont devenues par la suite des charges supplémentaires pour la commune qui devait s’en charger de la gestion de ces lieux, fournir de l’eau potable, assurer la collecte des ordures ménagères et surtout éclairer le soir ces lieux pour des raisons sécuritaires. Ce lourd handicap est venu se greffer sur les taches quotidiennes déjà existantes de la commune, et a nécessité la mobilisation de moyens humains et matériels complémentaires en face d’un manque flagrant de finances pour la gestion de telles situations. La famille K, originaire de la wilaya de Tiaret, composée de 11 membres se bouscule et survit depuis déjà 10 années au sein d’un F3, elle attend un second logement pour son aîné marié depuis une année et dont la femme est enceinte et va bientôt accoucher. Le père, M K.M, âgé de 68 ans, pense ne plus revenir au douar qui a été abandonné par presque tous ses habitants et dont aucun n’est revenu à ce jour, le climat est plus clément, et presque tous les membres de la famille s’occupent et parviennent à gagner assez de sous pour faire face aux besoins familiaux. !

Le logement, le déficit difficile à combler
Forte d’une population de 28.000 habitants,la commune n’a pu satisfaire la demande exprimée en matière de logements,de par les quotas attribués qui restent largement insuffisants ; les 108 logements distribués ne représentent qu’un pour cent du nombre des demandes formulées,plus de mille dossiers ont été déposés et attendent d’être avalisés,tous ceux qui postulent à ce type de logement,prétendent répondre aux critères retenus,malheureusement,la date de dépôt du dossier semble être le facteur qui a su départager les demandeurs. Le logement social participatif connaît également un essor important de construction par rapport au logement social, 508 logements de ce type ont été réalisés et dont une centaine a déjà été livrée à leurs bénéficiaires qui se sont acquittés partiellement du montant d’acquisition, le reste sera incessamment distribué dans les jours à venir. Le logement rural parait drainer encore la patte, seuls trois cent ont été réceptionnés, la demande reste accrue sur ce type de logement qui est à promouvoir, de par le nombre de 19 douars formant le monde rural et occupant une superficie de plus de 70% du territoire communal. L ‘habitat demeure en marge des attentes du citoyen qui a du mal à se faire loger, beaucoup de citoyens aux bas revenus se bousculent au sein de logements exigus. M.B.M, agé de 42 ans, ouvrier au sein d’une unité de production de la ville, ne peut plus convoler en noces, et doit patienter d’année en année, à l’attente d’un logement qui lui a été promis depuis tant d’années…. !

Classes surchargées et transport scolaire insuffisant
Malgré l’existence d’établissements scolaires toujours en nombre croissant au fil des ans et ayant déjà atteint les 13 écoles primaires, les 03 collèges d’enseignement moyen dont 02 au chef–lieu et 01 en milieu rural (douar djeddid) et 01 lycée de l’enseignement secondaire,
la double vacation subsiste encore au sein de certaines classes en milieu rural, la surcharge caractérise également quelques autres classes dont le nombre dépasse la quarantaine d’élèves. Cette situation prévalant toujours en milieu scolaire a poussé l’A.P.C à proposer et à lancer des opérations d’aménagement consistant au remplacement de dizaines de classes. D’autres écoles ont bénéficié de tout un programme de rénovation de l’établissement, de nouvelles cantines ont vu également le jour au sein des écoles primaires de la zone rurale. Le système éducatif à Hassi Maméche ne semble souffrir que du transport scolaire qui ne parait point répondre à l’intérêt accordé au bâti ; les 04 bus ne parviennent plus à prendre en charge convenablement la mission qui leur a été dévolue. Ces moyens de transport restent insuffisants pour assurer les rotations sollicitées, de par l’état de vétusté du car, trop usé ou par la limite de places offertes. Les élèves des zones rurales arrivent souvent en retard aux classes et perdent beaucoup de temps à se déplacer de coin en coin, au bord de ces cars dont certains n’offrent pas la sécurité exigée aux élèves qui restent exposés à un danger permanent.

Une jeunesse éprise de jardinage et de l’Internet
Ni le stade communal rénové, ni les 06 aires de jeux, ni les nouveaux terrains « maticos » pour la pratique des sports collectifs ne paraissent intéresser les jeunes « Mamachis » épris par l’Internet, mais surtout par des activités saines et de protection de la nature. Le centre culturel demeure le lieu de prédilection de centaines de jeunes qui le hantent du matin au soir, il offre plusieurs activités interactives, dont la plus attractive reste le jardinage, qui est une activité récente et dont le centre culturel en est le pionnier et le premier à le lancer. Malgré l’absence de moyens financiers conséquents, les amateurs du jardinage disposent déjà d’un jardin d’une vingtaine de mètres carrés, plein de verdure et de jeunes rosiers et autres plantes et d’un cotonnier, produisant assez de coton si blanc. Ces derniers ont participé à plusieurs expositions de plantes et se sont distingués par l’obtention de quelques prix. Les jeunes de la ville, ne demandent que d’être écoutés et soutenus financièrement pour la réalisation d’autres merveilles, selon les déclarations de M.N, un jeune diplômé en froid, qui occupe son temps libre au centre culturel à offrir de l’aide aux animateurs et de soigner de temps à autre les plantes qui décorent le lieu et lui offrent une image si proche de la nature.

L’emploi, une offre si rare …. !
A part le filet social, et le dispositif d’aide à l’insertion professionnelle proposant quelques 300 postes d’emploi, l’A.P.C n’a pu offrir une autre alternative pouvant faire face au spectre du chômage qui sévit au sein de la commune malgré sa vocation agricole, qui autrefois absorbait un taux important en main d’œuvre agricole. Le travail semble être fui par les jeunes d’aujourd’hui, qui optent pour des métiers plus valorisants et moins fatigants dont celui de l’agent de sécurité qui parait le plus convoité et prisé. L’agriculture n’est plus l’activité dominante malgré la ceinture des sols agricoles qui cernent la localité du chef-lieu et qui occupent une superficie estimée a presque 6000 hectares. Le commerce florissant au sein de la ville a pu offrir quelques centaines de postes stables d’emploi, la relance du bâtiment tend à offrir également d’autres centaines de travail temporaire. Le secteur industriel privé vient en troisième place, seconder ces deux créneaux, par une offre timide en postes d’emploi, les 04 unités privées de production ont pu générer une cinquantaine d’emplois permanents. En un mot, le travail reste un produit rare à la commune, et beaucoup de gens préfèrent aller le chercher en ville. Les locaux commerciaux ont été distribués, mais seule une dizaine est active à ce jour, le reste a été mis en demeure et les bénéficiaires ne semblent point décidés à se lancer dans des activités commerciales, certains soulèvent l’absence de fonds, d’autres préfèrent temporiser pour mieux voir, et surtout dénicher l’oiseau rare, un locataire qui saura bien payer le loyer qui deviendra une rente mensuelle sans trop de peine…. !

A l‘attente d’une polyclinique … !
Les infrastructures sanitaires existantes au chef-lieu et siège de daïra ne semblent point répondre aux aspirations de la population qui a largement dépassé les 12.000 âmes, ni le centre de santé, ni la maternité ne parviennent à contenir l’affluence des personnes à la recherche de diverses prestations médicales, dont les consultations spécialisées et l’offre d’examens biologiques et radiologiques nécessaires pour l’investigation médicale. Les 05 salles de soins en milieu rural nécessitent également de l’entretien et la dotation en médicaments d’urgence,le cabinet dentaire reste également insuffisant pour prendre en charge tous les besoins exprimés surtout en soins dentaires,l’unique ambulance ne parvient plus à assurer ses plans de charge,consistant surtout à déplacer les médecins vers les salles de soins en milieu rural,approvisionner les unités en ingrédients,en fournitures de bureau et en antiseptiques,et assurer également le déplacement des équipes sanitaires pour les campagnes de vaccination. La création d’une polyclinique digne de ce nom est plus que souhaitable par une population qui ne cesse de l’attendre depuis tant de temps, la disponibilité d’une seconde ambulance pour faire face aux multiples besoins est plus que nécessaire, le renforcement des capacités des structures existantes en moyens humains et matériels, doit être soutenu pour de meilleures prises en charge des malades qui ont tellement besoin.

Des cités à l’attente d’un aménagement urbain
Le débordement de la ville et la construction de nouvelles cités, poussent obligatoirement à la création de nouvelles voies de communication pour relier ces derniers à la ville et surtout à l’aménagement de lieux, pour éviter la stagnation des eaux pluviales en hiver et offrir aux résidents un bon cadre de vie malheureusement certaines cités demeurent à l’état de réception provisoire, aucun aménagement n’a pu avoir lieu à ce jour,l’absence de chemins et d ’éclairage public font encore défaut , beaucoup de bénéficiaires se plaignent de telles situations qui perdurent depuis si longtemps. Certaines autres citoyens soulèvent la saleté des lieux et l’absence de levée et de la collecte des ordures ménagères qui occupent les lieux et offrent un décor des plus désagréables à voir.

Un centre d’enfouissement technique remis aux calendres grecques … !
Plus de 10.000 personnes sont confrontés quotidiennement à souffrir du dégagement d’odeurs suffocantes provenant des opérations d’incinération des ordures ménagères de la décharge située à 3000 mètres du chef-lieu, les asthmatiques et ceux qui présentent des pathologies respiratoires restent les plus sensibles et sont obligés de se terrer chez eux et de prendre des médicaments face aux crises de toux qui se déclenchent dès le lancement de l’incinération. L’invasion des rats et le foisonnement des meutes de chiens errants ont fini par constituer un des épineux problèmes de santé publique, de par la présence permanente de ces vecteurs dangereux qui demeurent de potentiels agents de transmission de maladies graves dont la rage et la peste. En face d’une telle menace, un choix d’un autre lieu pour l’implantation d’une décharge contrôlée a été effectué en date du 01/08/1994, malheureusement à ce jour, plus de 20 tonnes de déchets ménagers continuent de se faire déverser et de se faire incinérer en exposant davantage les citoyens à plus de désagréments et d’utilisation de pastilles pour lutter inefficacement contre l’invasion des moustiques au sein des foyers. Selon certaines indiscrétions, la création du centre d’enfouissement technique dont le lieu a été choisi et les crédits mobilisés, vient d’être purement et simplement pour des raisons qui semblent obscures.

Menace d’inondation des 06 douars
Les 06 douars situés en contrebas de la montagne restent exposés à la menace d’inondation par les eaux pluviales qui ne disposent pas à ce jour d’un drain collecteur qui contourne les hameaux. Les localités de Rehahla et de Mekardia demeurent les plus touchés par ce phénomène naturel qui se répète annuellement et malheureusement cause des pertes en animaux souvent surpris les flots des eaux qui les emportent et embourbent les lieux pour de longs jours. Ce problème a été soulevé aux élus du conseil municipal qui l’a pris en considération et dont l’étude a été lancée en 2004, mais qui n’a pas toujours abouti. Les citoyens redoutent ces inondations, et certains se préparent déjà aux longues veilles à tour de rôle pour surveiller la venue des orages et alerter le reste des citoyens à prendre les mesures qui s’imposent.

Des défis à relever
La commune de Hassi Mamèche a tant de défis à relever pour assurer un cadre de vie des plus agréables à ses citoyens qui ne cessent de se plaindre, les élus soulèvent l’insuffisance de subventions étatiques qui ne parviennent plus à satisfaire tous les besoins en matière d’un développement social harmonieux; Pour ce faire, les citoyens rencontrés souhaitent que la tutelle accorde plus de considération à leur commune si pauvre en richesses pouvant l’aider à s’autofinancer et un plus en matière de financement des projets de développement, surtout pour les communes qui ne disposent d’aucune redevance fiscale comme Hassi Mamèche.

Mohamed El Amine

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